Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

innombrables armées répandaient au loin la gloire, il se fut apaisé dans leur commun désastre, et eut déposé son glaive,

36. Bhagavat, descendu dans ce monde des hommes sous le voile de la Mâyâ dont il dispose, au milieu de la foule de ses épouses incomparables, se livrait au plaisir comme un simple mortel.

37. À la vue de ces femmes accomplies, ému par le regard plein de pudeur et par le pur et beau sourire, interprètes de leurs secrètes pensées, l’ennemi de l’amour lui-même (Çiva) avait laissé, dans son trouble, échapper son arc de ses mains ; leurs charmes cependant ne pouvaient ébranler l’âme

38. De celui que les hommes, trompés par la fausse ressemblance sous laquelle il se cache, prennent pour un simple mortel, esclave comme eux des liens de ce monde dont il est affranchi.

39. Telle est en effet la puissance de l’Être suprême, que, même au sein de la Nature, il n’est jamais enchaîné par les qualités dont elle l’entoure ; de même que l’Intelligence repose dans les diverses enveloppes de l’âme sans y être attachée.

40. Mais ses femmes trompées, ignorant la grandeur d’un tel époux, croyaient qu’esclave de leurs charmes, il leur adressait de secrets hommages, de même que les pensées [orgueilleuses] croient que l’âme souveraine est dans leur dépendance.


FIN DU ONZIÈME CHAPITRE, AYANT POUR TITRE :
RETOUR DU DIVIN KRĬCHṆA,
DE L’ÉPISODE DE PARÎKCHIT, DANS LE PREMIER LIVRE DU GRAND PURÂṆA,
LE BIENHEUREUX BHÂGAVATA,
RECUEIL INSPIRÉ PAR BRAHMÂ ET COMPOSÉ PAR VYÂSA.