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et pour offrir un perpétuel sujet de méditations à ceux qui te connaissent, et dont la pensée n’a pas d’autre objet que toi.

26. Dieu des Dêvas ! j’ignore quelle est cette merveille et quelle en est la cause ; de tous côtés s’avance à ma rencontre un feu dont l’ardeur est intolérable.

27. Bhagavat dit : Tu le connais ; c’est le javelot de Brahmâ que le fils de Drôṇa veut t’opposer ; mais lui-même ignore le moyen de le retenir, au moment où il va détruire les êtres.

28. Certes, aucun autre javelot quel qu’il soit n’est capable de le dompter ; mais puisque tu en connais le secret, anéantis, avec un feu semblable, le feu de ce javelot déchaîné.

SÛTA dit :

29. À ces mots, Phâlguna (Ardjuna), redoutable aux guerriers ennemis, portant de l’eau à ses lèvres et tournant autour de Krĭchṇa, opposa le javelot de Brahmâ au javelot de Brahmâ.

30. Les feux de ces deux javelots, avec les flèches dont ils étaient entourés, s’étant confondus l’un dans l’autre, comme le soleil et le feu [au temps de la destruction des mondes], augmentèrent de violence, enveloppant la terre, le ciel et l’atmosphère.

31. En voyant l’immense éclat de ces javelots des deux guerriers, qui portaient l’incendie dans les trois mondes, toutes les créatures, consumées par le feu, crurent que le jour de l’embrasement de l’univers était arrivé.

32. Ardjuna remarquant la détresse des créatures, le danger des trois mondes et l’intention du fils de Vasudêva, retint les deux javelots.

33. Puis s’élançant avec impétuosité, et les yeux rouges de fureur, sur le fils redoutable de Gâutamî (Krĭpî), il l’enchaîna comme un animal qu’on lie avec une corde.

34. Et pendant qu’il faisait ses efforts pour entraîner dans la tente royale son ennemi violemment garrotté, le Dieu aux yeux de lotus, Bhagavat, irrité, adressa ces paroles au vainqueur :