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des espèces comprises dans la catégorie des Brâhmaṇas et autres [parties du Vêda]. Ainsi c’est un Itihâsa que le texte suivant [qui fait partie d’un Brâhmaṇa] : « Les Dêvas et les Asuras étaient en guerre les uns contre les autres. » De même le texte [également emprunté à un Brâhmaṇa], qui débute ainsi : « Certainement cet univers n’existait pas au commencement ; » ce texte, parce qu’il part de l’état primitif du monde, est un Purâṇa, c’est-à-dire un livre destiné à faire connaître la création[1].

À côté de ce passage qui nous montre le nom de Purâṇa, rapporté dans le Vêda, il faut en citer un autre du Tchhândôgya Upanichad, qui contient de curieux renseignements sur les diverses branches des connaissances brâhmaniques, et qui cite expressément les Itihâsas et les Purâṇas, en les plaçant immédiatement après les quatre Vêdas, avec le titre de cinquième Vêda, comme nous verrons que le fait aussi notre Bhâgavata. Le Tchhândôgya n’est vraisemblablement pas le plus ancien des Upanichads[2] ; cependant il peut passer, quant au style et quant aux idées, pour une des compositions de ce genre qui se rapprochent le plus de l’âge védique. Voici, au reste, le passage même :

अधीहि भगव इति होतससाद सनत्कुमारं नारदस्तं होवांच यह्रेत्थ तेन मोपसीद ततस्त उर्ध्वं वत्द्यामीतिं । स होवाच ऋग्वेदं भगवो ऽध्येमि यज्ञुर्वेदं सामवेददमाथवणं चतुर्थं इतिहासपुराणं पम्चमं ॥

« Lis [pour moi, maître] vénérable ! » c’est ainsi que Nârada se présenta devant Sanatkumâra. Celui-ci lui répondit : Aborde-moi avec ce que tu sais ; je te dirai ce qui est au delà. Nârada répondit : J’ai lu, maître vénérable, le Rǐgvêda, le Yadjurvêda, le Sâmavêda, le recueil d’Atharvan qui est le quatrième [Vêda], et la collection des Itihâsas et des Purânas qui forment le cinquième[3].

  1. Vêdârthaprakâça, p. 26, ms. de la Bibl. du Roi ; p. 19, fin. de mon manuscrit.
  2. Voyez, à ce sujet, les remarques de Fr. Windischmann, Sancara, p. 62 et 63.
  3. Le texte de ce morceau, traduit déjà par Colebrooke (Miscell. Essays, tom. I,