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d’âge en âge, sur la terre, la confusion des devoirs imposés à chaque période.

17. Et diminuait graduellement la vigueur des êtres corporels ; que les hommes étaient privés de foi, sans vertu, sans intelligence, réduits à une existence d’un moment.

18. Livrés au malheur : Vyâsa, dis-je, dont le regard est infaillible, médita sur ce qu’il fallait faire pour le bien de toutes les classes et de toutes les conditions.

19. Réfléchissant sur les fonctions des quatre prêtres officiants, que règle l’Écriture, et qui purifient les hommes, il distribua, pour perpétuer le sacrifice, le Vêda unique en quatre parties.

20. Rǐtch, Yadjus, Sâman, Atharvan, sont les noms de ces quatre Vêdas distincts ; les Itihâsas et les Purâṇas forment, dit-on, le cinquième Vêda.

21. Pâila reçut le Ritch ; le poète inspiré Djâimini chanta le Sâman ; Vâiçam̃pâyana eut à lui seul l’intelligence complète des Yadjus ;

22. Le redoutable solitaire Sumantu eut celle des formules d’Atharvan et d’Ag̃giras ; et mon père Rômaharchaṇa, celle des Itihâsas et des Purânas.

23. Ces Rǐchis, à leur tour, partagèrent chacun leur Vêda en plusieurs parties ; transmis à leurs disciples, aux successeurs de leurs disciples et aux successeurs de ces derniers, ces Vêdas se trouvèrent ainsi divisés en branches.

24. Le bienheureux Vyâsa, plein de miséricorde pour les malheureux, agit ainsi pour que les Vêdas, [divisés comme on l’a vu, ] pussent être retenus par les hommes dont l’intelligence est bornée.

25. Le triple Vêda ne peut être entendu des femmes, des Çûdras, ni des membres dégradés des trois premières classes ; le bonheur qui résulte de la célébration des cérémonies leur est inconnu : aussi, pour qu’ils l’obtinssent en ce monde, le solitaire, touché de compassion, composa l’histoire appelée Bhârata.

26. Mais quoiqu’il fût ainsi, sans relâche, ô Brahmanes, exclusivement occupé du bonheur des hommes, son cœur n’en éprouvait pas plus de joie.