Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Purâna, et parmi les Purâṇas, ce que c’est que le Bhâgavata ; je dois indiquer à qui dans l’Inde on attribue la rédaction de cet ouvrage, et quelles sont les raisons qu’on a d’adopter ou de contester l’opinion la plus universellement admise. Enfin il faut que j’expose sommairement la nature et l’étendue des recours que j’ai eus à ma disposition dans le cours de mon travail. Si pour répondre à ces diverses questions, j’entre dans des détails qui paraîtront vulgaires aux savants qui, depuis le commencement de notre siècle, s’occupent de la littérature indienne, je les prie de considérer que je dois, au début de cette entreprise, m’adresser d’abord à la partie du public, qui n’est pas encore familiarisée avec le vaste sujet de leurs constantes études. La seule chose que je puisse offrir en ce moment aux indianistes, c’est le texte même du Bhâgavata, à la correction et à l’interprétation duquel j’ose dire que j’ai apporté tout le soin dont j’étais capable.

Les livres nommés dans l’Inde Purâṇas composent un ensemble de dix-huit ouvrages, dont les titres sont en général formés du nom d’une divinité, soit que cette divinité passe pour avoir promulgué l’ouvrage qui porte son nom, soit qu’elle y paraisse comme l’objet d’un culte spécial et exclusif. Le Brâhma Purâṇa, par exemple, est nommé ainsi parce que c’est, dit-on, Brâhma qui l’a révélé au sage Marîtchi, tandis que le Bhâgavata tire son nom de Bhagavat, à la louange duquel il est consacré[1]. Ces li-

  1. C’est seulement lorsqu’on aura lu les Purâṇas en entier et avec critique, que l’on pourra espérer de découvrir les raisons qui ont fait assigner à chacun de ces livres les noms qu’ils portent maintenant. Deux de ces Purâṇas, le Mâtsya et l’Âgnêya, en énumérant comme font les autres les dix-huit Purâṇas, expliquent en outre le titre que porte chacun d’eux ; mais quand ces explications ne ressemblent pas à celle que j’ai rapportée touchant le Brâhma, d’après l’autorité du Mâtsya, elles sont tout à fait fabuleuses et quelquefois ridicules. (Mâtsya Purâṇas, ms. beng. no xviii, fol. 67 v. sqq., et Âgnêya Purâṇa, manusc. beng. no xiii, fol. 194 r. sqq.) J’ajouterai ici que dans l’analyse qu’il a donnée du Brâhma, M. Wilson a remarqué entre le