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PRÉFACE.

lement à l’antique doctrine des œuvres, acquirent dans presque tous les Purânas. Loin de contredire les résultats de lexposé que je viens de tracer, ces changements les confirment au contraire, en ce qu’ils ne paraissent que dans des ouvrages déjà modernes ^^K A part ces innovations introduites par l’esprit de secte, et toujours aisément reconnaissables, les modifications qu’a subies le vieux système indien se sont faites, si je puis m exprimer ainsi, par voie d addition plutôt que —par voie de substitution, et elles ont conservé avec une rare fidélité les éléments anciens sur lesquels elles travaillaient, et quelles ne pouvaient altérer impunément, tant est inviolable le respect qui s attache à la collection des écritures sur lesquelles repose la base de la religion, de la philosophie et de l’organisation sociale de llnde brahmanique. Ces réflexions s’appliquent rigoureusement au Bhâgavata, qui me les a suggérées. Sans aucun doute, la date de cette compilation est moderne, mais les matériaux. en sont évidemment très-anciens. Je n’ai pas besoin de dire que je n’y ai trouvé aucune trace d’idées grecques ou chrétiennes ; car où sont les ouvrages indiens dans lesquels l’on en ait positivement découvert jusqu’ici ? Je me

^ Il faut lire à ce sujet les réflexions par desquelles M. Wilson termine son savant Mémoire sur les sectes religieuses des Hindous. [Asiat Res. t. XVII, p. 3 12.) Cet auteur y fait voir que la doctrine de la dévotion est une invention comparativement moderne, dont on ne trouvepas encore de trace dans les Védas, en d’autres termes, qui est aussi étrangère à la partie pratique de ces livres, laquelle recommande les œuvres, qua la partie spéculative, qui se rapporte à Tétude de Brahma, ou de TÊtre suprême. Avant M. Wilson, Colebrooke avait déjà remarqué que le dogme de la foi ne paraît pas encore

dans Ta phis ancienne doctrine védànta, telle que Texpose Vâdaràyana, dans le recueil d*axiomes nonmié Brahmasâtra, et qu’il se montre à peine dans le commentaire composé par Çamkara sur cet ouvrage, tandis que le Védântisme moderne, dont.le principal texte est la Bhagavadgtta, établit, d’accord avec le plus grand nombre des Purânas, la souveraine efficacité de ce culte ardent et passionné qui a le nom spécial de BhaktL (Colebrooke, Miscell Essays, 1. 1, p. 376.) Mais quanclon dit que ce dogme est moderne, il faut se souvenir que c’est comparativement à la doctrine primitive