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PRÉFACE.

en deux périodes distinctes l’histoire littéraire des Brahmanes, et marque avec précision le commencement des temps modernes pour rinde ; car le Buddhisme, après s’être produit d’abord comme un de ces systèmes philosophiques auxquels le génie indien a si fréquemment donné naissance, avait acquis une influence assez directe sur la société pour exciter la rivalité de la caste des Brahmanes, et pom* devenir, de fait intellectuel qu’il était d’abord, un véritable événement politique. Quand la persécution dont il fiit l’objet l’eut définitivement expulsé de l’Inde, les Brahmanes durent reprendre avec plus d’ardeur le mouvement d’idées que le Buddhisme n’avait certainement pas interrompu, mais qu’il avait bien pu ralentir en s’y associant. C’étaient les croyances védiques qu’il avait attaquées ; ce furent ces croyances qu’on s’eflForça de faire refleurir. On commenta les Vêdas ; on en développa les opinions spéculatives ; on rassembla les légendes relatives aux sages dont ces anciens livres faisaient connaître les noms. En un mot, on reproduisit dans un idiome plus facile et plus épuré, les opinions et les croyances dont ces livres, incontestablement antiques, avaient gardé le dépôt.

Voilà pourquoi les productions des derniers âges de la littérature sanscrite ont encorfe un caractère si manifestement ancien. Ces productions sont, pour le fonds du moins, de beaucoup antérieures à la date qu’elles portent. Leur forme seule est moderne ; encore cette forme n’affecte-t « -elle d’ordinaire que le langage, et la différence qui en résulte s’arrête à la surface et ne pénètre pas fort avant dans les idées. J’en excepte les modifications qu’apportèrent au fonds des croyances védiques les inventions des sectes qui se les partagèrent, pour les développer chacune à sa manière. Je ne parle pas notamment de la grande importance que les théories de la foi et de la dévotion, qui se substituèrent graduel-