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PRÉFACE.

rien d authentique, chez un peuple qui, envahi par Alexandre, civilisé par l’empire grec de la Bactriane, éclairé par le christianisme, et privé de son indépendance par la conquête musulmane, n avait conservé, par un singulier miracle, d’autre preuve de son existence intellectuelle qu’une langue qu’il n’avait peut-être jamais pariée. La question resta sans faire aucun progrès sensible jusqu’au moment où des hommes comme W. Jones, Colebrooke etWilson, commencèrent à rassembler des manuscrits indiens, à les lire et à en interpréter le contenu. Colebrooke surtout et M. Wilson, grâce à la variété des secours qui se trouvaient à leur disposition, entreprirent des recherches régulièrement suivies, l’un sur les Vêdas et sur les ouvrages des jurisconsultes, l’autre sur le théâtre, sur la chronique du Cachemire, sur les sectes indiennes et sur les Purânas, et ils firent pénétrer des lumières plus vives sur plusieurs parties d’une littérature qui n’avait, avant eux, présenté qu’un ensemble confus. En Europe, cependant, la langue sanscrite, soumise à un examen critique et approfondi par les soins des grandes écoles de Bonn et de Berlin, se plaçait à la tête de la vaste famille des langues indo-européennes, et elle recevait, des travaux d’habiles philologues, cette sorte de consécration que donne la critique, et dont les faits relatifs au passé de l’humanité ont besoin, avant de prendre place dans l’histoire. Enfin, pendant que ces recherches se poursuivaient avec une patiente ardeur, quelques-unes de ces bonnes fortunes dont on fait honneur au hasard, parce qu’il en coûte quelquefois de reconnaître qu’elles n’arrivent qu’au talent, donnaient au général Ventura la gloire, partagée bientôt par d’autres, d’ouvrir les Tbpes du Pendjab, et d’y trouver d’un seul coup plus de médailles bactriennes que n’en possédaient alors tous les musées de l’Europe réunis ; à Lassen et à Prinsep, celle de lire sur