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PRÉFACE.

qu’admettent les Vâichnavaç, au premier livre, la qualité de Buddha est donnée seulement à Djina[1], de la famiUe dlkchvâku. Cette circonstance et d’autres semblables ont inspiré des doutes à Çridhara Àtchârya, puisqu’il a dit : « Il ne faut pas concevoir un doute qui nous porterait à supposer « qu’il y ait un autre Bhâgavata. » Or ces paroles seules prouvent qu’il existe des doutes en ce qui concerne le Bhâgavata qui est une autorité pour les Yâichnavas. Nous en concluons que ce dernier ouvrage ne doit pas être compris au nombre des [ dix-huit] Purânas.

1. Le texte du Bhâgavata auquel se réfère Fauteur se trouve 1. 1, eh. m, st. 2^. La dtatioD qu’il en fait est d’accord avec le plus grand nombre des manuscrits du Bhâgavata, du moins en ce qui touche le nom . de Djina ; seulement, il n’est pas question dlkchvâku dans le texte même de notre poème, et Djina y passe pour le père de Buddha. Je n’hésite pas à regarder l’introduction du nom de Djina dans un distique où il doit être exclusivement question de Çâkyamuni Buddha, conmie le résultat de cette confusion perpétuelle des Djâinas et des Bâuddhas que font les auteurs brahmaniques modernes. Il y |t déjà longtemps, ainsi que l’a remarqué M. Wilson, que les Brahmanes ont cessé d’être en contact avec les Buddhistes ; aussi, quand ils veulent en parler, les confondent-ils invariablement avec les Djâinas qui leur ressemblent. ( Théâtre of ihe Hindus, t I, p. 8 ; tom. II, p. 159, note.) C’est que les Hindous orthodoxes connaissent beaucoup mieux ces derniers, qui vivent depuis plusieurs siècles auprès d’eux, que les Buddhistes, qui ont depuis longtemps quitté l’Inde. Nous pouvons donc conclure avec assurance de ce fait, que les ouvrages où les Bâuddhas ne sont pas clairement distingués des Djâinas sont postérieurs aux événements qui ont forcé les Buddhistes à quitter les provinces où le Brahmanisme règne aujour d’hui sans rival. Je trouve, dans un fragment que M. Vans Kennedy a extrait du Gàruda Purâna, un nouvel exemple de la confusion que je signale en ce moment. Suivant ce Purâna, Vichnu est né, vers le crépuscule du Kaliyuga, sous le nom de Buddha, fils d’Âdjita. [Res. into ihe nai. ofanc. andHindoo Mythol. p. 243.) Or Adjita est le nom du second des saints déifiés que les Djâinas font vivre dans l’âge actuel. (Colebrooke, Mise. Essays, t. II, p. 208.) Ces noms de Djina et d’AdjUa, donnés par les Purânas au père du prince qui, plus tard, fut nommé Buddha, sont des emprunts faits aux Djâinas ; mais ces emprunts ont été sans doute favorisés, dans le cas qui nous occupe, par la ressemblance qu’ofirent ces noms, assez familiers aux Brahmanes, avec celui d’Andjana, personnage qui, suivant la tradition buddhique de Ceylan, est non pas le père de Çâkyamuni Buddha, mais son grand-père maternel, c’est-à-^ire le père de Mâyà, femme de Çuddhôdana qui est le véritable père du prince Siddhârtha, sumonomé Çafyamuni Buddha, (Voyez Mahdvafhsa, 1. 1, pag. 9, éd. Turnour.) Tai d’autant moins hésité à rétablir, dans le texte du Bhâgavata, le nom ôiAndjana, que je m’y suis vu autorisé par le témoignage du ms. bengali n® XV, lequel donne cette leçon concurremment avec celle de Djina, que suivent les autres manuscrits.

M.

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