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beurre clarifié répandus sur eux les embrasent. Alors le prêtre appelle les dieux au festin sacré, qui se compose de lait et de gâteaux, quelquefois de fleurs et de fruits, quelquefois même d’un animal immolé. Les dieux arrivent invisibles : aucun des assistants ne doute de leur présence réelle autour du foyer, dans le feu et dans l’hostie. Ces dieux sont surtout ceux du ciel et de l’atmosphère : Vishnou, qui habite les espaces supérieurs et qui a pour char le soleil ; Roudra, qui agite les airs et a sous son empire la troupe retentissante des Marouts, qui sont les vents ; Indra, roi des hautes régions de l’air, d’où il combat le nuage, le frappe de la foudre, et fait couler les pluies sur la terre fécondée. Nommons encore Mitra, Varouna et Aryaman. Tous ces dieux portaient également le nom d’Asuras, c’est-à-dire Vivants ou principes de vie.

Quand les prêtres vinrent à réfléchir sur le rôle de Vishnou qui, dans le Vêda, n’est pour ainsi dire que le dieu du Soleil et sa vertu productrice, ils ne tardèrent pas à rattacher à son idée tous les phénomènes de la vie physique et morale. En effet, le développement de la vie physique procède ici-bas de la chaleur du Soleil, dont elle n’est qu’une métamorphose. D’un autre côté, les prêtres, ne voyant nulle part dans le monde la pensée séparée de la vie, en conclurent que le principe de l’une est identique au principe de l’autre. Ainsi l’énergie pénétrante de Vishnou devint le principe même de la génération des êtres vivants et plus tard des incarnations.

Roudra devint Çiva, l’une des trois personnes de la trinité indienne, et, par une transformation insensible, fut conçu comme un être redoutable, destructeur de la vie. Quant à Brahmâ, quoique nous ne puissions raconter son histoire en peu de mots, on comprend que la prière (brahman) puisse être considérée comme l’ex-