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en second : c’est Asour qui commandait en premier ; le roi était son ministre et son lieutenant.

La hiérarchie divine et les fonctions humaines se modelèrent sur cette idée, qui donna naissance à la théocratie la plus violente et la plus impitoyable. Les guerres des Assyriens furent les guerres d’Asour, c’est-à-dire des guerres de religion, comme celles des Sémites modernes et en général des Musulmans sont les guerres d’Allah. Point de merci : l’incendie, les tortures, le meurtre des enfants et des femmes et jusqu’à celui des animaux, le ravage et le désert, voila ce que conseillait aux Sémites de l’Euphrate et du Tigre la personnalité suprême de leur dieu.

Du reste, ces dieux, dont le nom général était ilou (el, elohim, allah) qui veut dire le Fort, régnaient sur l’humanité comme des rois absolus sur des peuples asservis : le dieu était le maître, l’homme l’esclave. La puissance du dieu, plus encore qu’en Égypte, se faisait sentir dans tous les actes de la vie, dans la supputation des années, des mois et des jours, dans les constructions publiques et privées, dans les fêtes, dans les ouvrages de l’art et les objets usuels, dans les horoscopes et la divination, dans les noms mêmes des hommes et des femmes.

L’exclusion des dieux étrangers contrastait ici avec la tolérance de l’Égypte qui les admettait tous. Elle entraînait celle de leurs adorateurs. La haine du genre humain fut un des caractères dominants des Sémites assyriens et babyloniens. L’étranger était pour eux un rival impie qu’il fallait asservir ou exterminer.

Tel était l’état religieux et moral des peuples mésopotamiens quand l’ârya Cyrus, en l’année 538, mit fin à ces vieilles dominations exclusives et répandit sur toute l’Asie occidentale un flot d’idées plus justes et de sentiments plus humains.