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à la croyance aux Esprits. Il est probable que ces derniers étaient adorés dans le bas peuple et que les divinités d’un ordre supérieur étaient celles des hommes lettrés. Le peuple voyait partout des esprits, dans les phénomènes du ciel et de l’air, dans ceux de la terre, des eaux et du feu, dans les maladies corporelles et mentales ; il croyait aux revenants. Les plus puissants esprits devinrent ses dieux et reçurent un culte solennel.

Les grandes divinités des Soumirs furent : Ana, l’esprit du ciel, avec Nana, la déesse mère ; — En ou Elim, le Seigneur, avec Nin-ge la reine des ténèbres et des morts ; — Héa, l’esprit des vapeurs et de l’abîme, avec la dame de la terre Davkina ; — Agou, l’esprit de la Lune ; — Oudou, celui du Soleil lumineux ; — Im ou Bin appelé aussi Ni, l’esprit de l’orage, avec Sala, déesse de la terre fécondée ; — Ninib, dieu de la guerre ; — Nirgal, le grand-roi ; — Amar-Oudouki, l’esprit de vie, doué du pouvoir de ressusciter les morts. — À ces divinités il faut ajouter Bil-gi, l’esprit du feu, manifesté dans la flamme du sacrifice et dans le foyer domestique, qualifié de grand-prêtre et donné comme fils de l’esprit des eaux, Héa, et de Davkina. Bel-gi, renfermé dans le roseau comme le feu védique et le feu de Prométhée, avait la vertu d’écarter les mauvais génies et de protéger ses adorateurs.

À quelle race d’hommes appartenaient les Soumirs ? Nous l’ignorons. La langue des inscriptions accadiennes n’est pas âryenne. Mais, nous constatons une grande analogie entre leurs conceptions religieuses et les doctrines les plus anciennes et les plus élémentaires consignées dans le Vêda. Ce peuple a eu de la nature une notion plus analytique et plus complète que les Égyptiens. Il y a vu autre chose que les retours périodiques du Soleil, de la Lune, des étoiles et des inondations. Il a pour le moins entrevu le rôle du feu et des autres