Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gmes et des rites nationaux, entés sur un même tronc primitif, ont donné naissance à deux religions différentes, celle des brahmanes et celle des mages. Par une scission analogue, mais avec des caractères particuliers, l’idée chrétienne, se séparant du judaïsme, a produit un culte différent de celui des Hébreux, et qui néanmoins reconnaît la Bible pour un de ses fondements.

La séparation des systèmes religieux ne brise pas seulement la communauté humaine ; elle peut_mettre ses parties en état d’hostilité réciproque : ainsi, la religion, qui procède à son origine d’un besoin d’unité dans les croyances et dans les actes pieux, se tourne en une cause de haine, de violences et de guerres. La Perse ancienne ne s’est pas seulement séparée du tronc commun de la race aryenne, comme l’ont fait de leur côté les peuples indiens ; mais quand elle s’est plus tard rencontrée avec ces derniers ; elle ne les a plus reconnus pour ses frères : elle n’a vu en eux que les adorateurs des dévas, c’est-à-dire de dieux qu’elle ne reconnaissait plus et qui étaient devenus pour elle les ennemis d’Ormuzd, son dieu suprême. De leur côté, par un travail propre à la race indienne, les brahmanes avaient dépassé de bonne heure l’antique théorie des asuras ou principes de vie, et, tandis que les hommes supérieurs de la caste sacerdotale approfondissaient la notion panthéistique de Dieu, les idées et les rites populaires tournaient de plus en plus au polythéisme. Il en résulta qu’après un certain temps les deux religions parurent être le contre-pied l’une de l’autre, et que les peuples qui les professaient furent ennemis.

Dans des temps plus modernes, un seul point de doctrine, la procession du Saint-Esprit, entendu en Orient d’une certaine manière et d’une autre en Occident, a, dans le christianisme, séparé les Grecs des Latins et suscité entre eux une hostilité qui n’est pas près de finir.