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passer par des degrés successifs d’initiation avant d’être déclarés chrétiens.

L’église bouddhique suivait la même marche depuis plusieurs centaines d’années, lorsque Jésus commença sa prédication ; elle la suit encore dans toutes les contrées où cette religion est en vigueur. Le recueil où les règles de l’enseignement sont énoncées fut traduit dans les langues de tous les peuples chez qui les missionnaires bouddhistes vinrent s’établir ; et comme il comprend aussi les lois relatives à la hiérarchie ecclésiastique et les formules développées de la métaphysique et de la morale, les croyances orthodoxes furent identiques dans toute la partie du monde vouée à la religion du Bouddha. Les divergences qui se produisirent plus tard dans quelques pays, par exemple au Tibet, ne furent que les conséquences locales de certains dogmes, dont les formules primitives n’avaient pas été suffisamment développées.

Les dogmes chrétiens ne furent pas tout d’abord aussi explicites qu’ils le sont aujourd’hui. L’enseignement des premiers siècles n’avait pas la précision qu’il a eue plus tard. Les premiers temps du christianisme furent aussi les plus féconds en hérésies ; chaque hérésie aboutissait à quelque formule de foi qui n’existait pas auparavant. Le dogme ne fut définitivement arrêté qu’à l’époque de Constantin, lorsque l’enseignement commença de se donner en public, en présence d’hommes pouvant appartenir à quelque religion que ce fût. Si les empereurs romains avaient toléré la religion chrétienne un siècle plus tôt, l’orthodoxie aurait eu beaucoup plus de peine à s’établir, parce que les dogmes, n’étant pas encore arrêtés dans les esprits, seraient devenus un objet vulgaire de discussion pour les païens et les philosophes, au lieu d’être uniquement discutés par des fidèles, par des docteurs. Mais lorsque Constantin eut