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ne brûle pas son code à un moment donné, pour s’en créer subitement un autre. C’est là un principe de science incontestable. Or, les hymnes du Vêda nous font toucher du doigt le dernier acte du travail intellectuel d’où est née la théorie védique du feu, de la vie et de la pensée ; on y voit l’effort individuel d’hommes supérieurs apportant quelques pierres au commun édifice. Le brâhmanisme nous montre le même phénomène, que nous retrouvons encore avec des proportions plus grandes et des caractères plus saillants dans les conciles bouddhiques et dans ceux des églises chrétiennes. Il n’est donc pas douteux que la même marche ait été suivie par les hommes qui ont précédé l’époque du Vêda et de l’Avesta. D’ailleurs, il est à peu près établi que les migrations âryennes venues en Europe ont quitté le centre commun de la race avant les époques correspondant à ces livres sacrés. La comparaison des anciens dogmes des tribus européennes avec ceux des tribus âryennes de l’Asie nous reporte donc à des temps fort reculés. L’élimination des différences qu’ils présentent les ramène à une croyance commune, plus simple que chacun d’eux et plus proche de leur origine. On peut donc affirmer que, si dans la suite des siècles les recherches individuelles ont été le point de départ de chacun des développements particuliers de la religion et par conséquent la cause de la diversité de ceux-ci, des recherches individuelles ont de même donné naissance au dogme primitif, et qu’enfin il y a eu une première idée d’où ce dogme lui-même est sorti.

Quand ce premier homme apporta sa découverte à ceux de sa race, elle put être ou acceptée ou combattue, puisque c’est là le sort de toute idée. Toutefois, comme elle se présentait avec une haute supériorité, ce qui suivit démontre qu’elle attira un grand nombre d’esprits, car elle finit par devenir le dogme commun de