Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un magnifique établissement créé aux frais du Khédive, les frères de la doctrine chrétienne donnent l’instruction à des musulmans, à des Grecs, à des Juifs et à des catholiques. Les élèves arabes y sont d’abord classés quant à l’intelligence avant les Francs, mais ne tardent pas à être dépassés par ces derniers. A Beyrouth, où se rencontrent aussi des enfants de plusieurs races, les maîtres observent que chez les Sémites le progrès, qui est très-rapide dans les premières années, s’arrête à l’âge de huit ans ; dès lors ces élèves n’apprennent plus rien. De semblables observations ont été faites à Alexandrie chez les frères, à Ghazir chez les Jésuites, à Antoura chez les lazaristes, à Jérusalem, à Alep, à Smyrne et dans beaucoup d’autres établissements. A l’isthme de Suez, la longue durée des travaux avait permis aux jeunes ouvriers sémites de s’initier aux ouvrages mécaniques du canal ; quelques-uns des plus intelligents étaient devenus contre-maîtres ; mais comme depuis leur adolescence ils n’avaient point acquis de connaissances nouvelles et n’avaient pu étendre celles qu’ils possédaient, ces excellents chefs d’ouvriers étaient hors d’état de réparer au besoin les machines qui leur étaient confiées et de voir en quoi consistait le dérangement qui s’était produit. Le contre-maître sémite avait alors recours à quelqu’un des travailleurs européens auxquels il commandait.

Il y a donc dans les races humaines des lois naturelles qui président au développement physique et moral des individus, et font que pour certaines d’entre elles il existe une borne fatale, tandis qu’une seule a devant elle un avenir illimité.

Les aptitudes des races jouent un rôle dans l’histoire de la religion, en Occident tout aussi bien qu’en Orient. Il n’y a aucune raison pour que le courant d’idées qui a produit le christianisme ait été soustrait à la loi des