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cultes étaient abandonnés. Ainsi quand on vit qu’une seule et même force pouvait expliquer les phénomènes du ciel et de la mer, il n’y eut plus lieu de distinguer Jupiter de Neptune ; la foudre et le trident tombèrent de leurs mains ; le sang cessa de couler sur leurs autels. De même chez les Juifs, lorsque après une suite de combats violents le dieu unique eut enfin pris le dessus, Baal, Astarté, le Melek de Hinnon et les autres divinités populaires disparurent. Leurs statues furent renversées, leurs autels détruits ; on ne leur offrit plus de sacrifices ; Manassé et Amon furent, si je ne me trompe, les derniers rois qui immolèrent leurs propres enfants. Yahveh-çebaôt, le dieu des armées célestes, régna seul après le retour de la Captivité.

En résumé, l’analyse élève par degrés la religion en épurant l’idée de Dieu. A chacun de ses progrès un système religieux périt ; le fétichisme devient la religion des esprits ; l’animisme simplifié passe au polythéisme ; enfin la pluralité des dieux se résoud dans l’unité. De même dans le système sémitique, les dieux locaux se substituèrent ou se subordonnèrent les uns aux autres, à mesure que la loi naturelle qu’ils représentaient se généralisait dans les esprits. Asour rangea au dessous de lui tous les anciens dieux Soumirs et Babyloniens. Dans le nouvel Empire, Mardouk et Nabou exprimaient une idée plus étendue que Asour et furent eux-mêmes dépassés par Bel. Bel était un nom commun désignant la divinité personnifiée en Mardouk et Nabou. Le dernier roi de Babylone s’appelait Balthazar ; son nom complet, Bel-sar-ouçour, signifiait « Dieu-protège-le roi ». L’arrivée de Cyrus apporta dans le pays des Fleuves le Dieu Vivant.

Les dernières éliminations accomplies ont laissé sur la terre cinq grandes religions. Voici le dénombrement approximatif de leurs sectateurs.