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peu à peu. C’est un monde idéal plein d’animation et de vie.

La métaphysique vient après. Sous sa forme sacerdotale elle porte le nom de théologie. Elle peut prendre son point de départ dans les symboles ou dans les mythes. Dans le premier cas, elle consiste en une réduction à l’unité des lois qui régissent les phénomènes. Dans le second cas, elle substitue aux forces multiples créées par la mythologie une force unique, immense et éternelle, un seul dieu, auquel est attribué le gouvernement du monde physique et du monde moral à la fois. Mais le dieu issu des religions symboliques a tous les caractères des abstractions d’où on l’a fait sortir : il est dur, inflexible ; la loi qu’il impose au monde physique est la fatalité ; au monde moral, c’est la servitude. Au contraire dans le dieu issu de la mythologie viennent se réunir et s’harmoniser toutes les forces de la nature ; le monde naît de lui par voie de génération ; il est le Père et non le Tyran.

Jusqu’à nos jours les religions n’ont pas dépassé le quatrième degré de leur évolution. La série qui passe par le symbolisme s’est terminée au dieu des Musulmans, Allah ; la série mythologique au dieu des chrétiens, le Père éternel.

Mais l’analyse progressive de l’idée de Dieu ne s’est pas opérée d’une manière simple et continue dans l’humanité. On ne trouve pas dans l’histoire deux séries de peuples cheminant parallèlement, l’une dans la voie du symbolisme pur, l’autre dans celle de la mythologie. Il y a des retards et des croisements. Les races humaines ne possèdent pas au même degré la faculté d’analyse. Si elles avaient vécu isolées les unes des autres, chacune d’elle se serait avancée jusqu’où sa capacité naturelle l’aurait conduite et se serait arrêtée à ce point. Leur inégalité les aurait retenues à des étapes diffé-