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La transfiguration est représentée au complet dans la célèbre mosaïque de saint Apollinaire in classe à Ravenne : on y voit le Christ remplacé par une croix, ayant à ses côtés Hélie et Moïse, au dessus la main du Père céleste, au-dessous saint Apollinaire entre deux plantations ; à la droite du saint est un agneau ; à sa gauche deux agneaux : à ses pieds, sur deux lignes, douze autres agneaux qui ne peuvent représenter les Apôtres, puisque trois d’entre ceux-ci sont déjà au-dessus. Je ne veux pas essayer l’interprétation détaillée de ce grand symbole, qui n’est pas absolument primitif, puisqu’il ne date que du VIe siècle ; j’appellerai seulement l’attention sur Hélie et sur Moïse, déjà mentionnés dans le récit évangélique, et qui portent ici leurs noms écrits.

Qu’Hélie représente le Soleil, c’est ce dont il est difficile de douter, quand on voit dans l’Église d’Orient les temples d’Hélios, sur les pics des montagnes, partout remplacés par des chapelles de saint Hélie, et la lutte de celui-ci avec le démon calquée sur la lutte naturelle du soleil levant et de la nuit. Un bas-relief du musée de Latran ne laisse aucun doute à cet égard : Hélie est monté sur un char céleste à quatre chevaux ; ce char n’en a que deux dans le camée reproduit par Perret (IV, 36) : le bas relief de Latran offre en outre cette particularité intéressante que de dessous les pieds des chevaux semble descendre un agneau.

Quant à Moïse, sur beaucoup de monuments à trois symboles, il est remplacé par la lune représentée soit en nature dans quelqu’une de ses phases, soit simplement par son nom Luna ayant pour pendant le nom latin du soleil, Sol, au lieu d’Hélie. On demandera pourquoi Moïse paraît dans cette légende pour y jouer le rôle de la Lune ; le Vêda nous paraît répondre à cette question. Non seulement les Hymnes dépeignent souvent Agni se transfigurant sur l’autel ou sur la col-