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« Mais il est une partie immortelle ; c’est elle, ô Agni, qu’il faut échauffer de tes rayons, enflammer de tes feux ; ô Jâtavêdas, dans le corps glorieux formé par toi, transporte-la au monde des pieux. » (Vêda, X, 16.)

Ce monde où siège la lumière éternelle, la félicité, où brillent les mondes radieux, où la satisfaction naît avec le désir, est situé dans les régions célestes où règne le Père : c’est le Paradis, le paradêça des Médo-Perses, le séjour de l’immortalité.

Enfin Agni a la puissance de rendre les morts à la vie. Il a ressuscité Subandhu : lorsque ses frères eurent prononcé sur ce jeune homme les formules de résurrection, Agni leur apparut au milieu de la cérémonie, et se tenant en face du cadavre, il lui dit :

« Voici le père, voici la mère, voici ta vie qui revient ; voici ta délivrance, ô bon ami ; viens ici, lève toi…

« J’ai repris l’âme de notre cher ami à Yama, fils de de Vivaswat, pour la vie et non pour la mort, oui, certes, pour le salut : » (Vêda, X, 60, 7 et 10).

Subandhu se releva, et ses frères chantèrent l’hymne de la résurrection et de la vie.

Je ne veux pas pousser plus loin l’analyse de la théorie d’Agni, telle qu’elle est dans les Hymnes indiens ; le lecteur curieux d’en savoir plus long à cet égard pourra recourir au Vêda lui-même.

Il faut distinguer dans le dogme chrétien fondamental les trois éléments qui s’y trouvent réunis et que j’appellerai la théorie du Christ, la légende du Christ et l’histoire de Jésus.

La théorie du Christ est antérieure à la venue du Seigneur : les Juifs attendaient depuis longtemps le Messie ; ils l’avaient vu en partie dans certains personnages historiques, tel que Cyrus ; Simon le magicien se don-