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objets physiques se place une conception idéale, un être vivant dont ils ne sont pour ainsi dire que l’image ou l’instrument. De plus, quand on recherche la nature intime de chacun d’eux on les voit partout substantiellement identifiés, de sorte que sous une apparence polythéiste se cache déjà cette unité du principe suprême, si brillamment mise en lumière par les derniers chantres de cette période.

En réalité, même au sens matériel, le soleil agit surtout par sa chaleur et par sa lumière, qui sont Agni lui-même ; et si sur terre la vie et avec elle la pensée se développent dans le retour périodique des années, c’est en vertu des rayons que le soleil envoie. Mais comme la pensée, qui a toujours pour compagne la vie, n’est pas un phénomène de l’ordre physique et échappe aux sens, l’auteur de la vie, pour être l’auteur de la pensée, doit être conçu comme un être métaphysique, supérieur à la matière. Aussi voyons-nous partout dans les hymnes la théorie physique du Feu marcher de pair avec une théorie philosophique de la plus grande élévation. C’est donc une doctrine à double face et telle que doit être toute grande interprétation de la réalité. Ce parallélisme du monde matériel et du monde métaphysique existe dans l’Avesta, comme dans l’Inde ; il se retrouve aussi tout entier dans nos rituels, dans nos symboles et dans la légende chrétienne.

Des trois personnes de la Trinité âryenne, il en est une qui a joué dans la religion un rôle plus important que les deux autres : c’est Agni. Son action dans la nature physique commence au soleil, dans lequel il réside éternellement et dont il est la gloire ; le Fils est la gloire du Père. Dans le mouvement oblique de cet astre, il marche avec lui d’Orient en Occident, au-dessus des nuées du ciel ; pour celui qui contemple le Soleil, il est assis à la droite du Père, puisque le Père s’avance le