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ment issus. C’est ce grand fait que nous allons mettre en lumière.

Admettons comme démontré que les dogmes chrétiens procèdent de l’Asie, et que les livres de Zoroastre en donnent les formules : il reste à savoir si la doctrine des mages offre la plus ancienne forme connue de la religion âryenne. Le contraire est aujourd’hui démontré. La doctrine du Zend-Avesta est née d’une réforme et par là s’est mise à certains égards en opposition avec les anciennes croyances des Aryas. Tout le monde sait aussi que ces anciennes croyances ont été portées dans l’Inde par les Aryas du sud-est et qu’elles y ont engendré la religion brâhmanique. Le Vêda, qui les renferme, peut bien ne pas être antérieur en date à la plus ancienne partie du Zend-Avesta ; mais il n’en représente pas moins les vieilles croyances antérieures à Zoroastre.

Pour se rendre compte de la valeur de la réforme attribuée à ce législateur, il faut mettre son livre en parallèle avec le Vêda et marquer les éléments nouveaux qu’il a introduits dans la foi des Aryas. Or, si l’on établit cette comparaison, non pas avec le Vêda tout entier, mais avec ses plus anciens hymnes, on voit que l’Ahura-mazda de Zoroastre n’est autre chose que l’Asura des anciennes croyances. Cet asura, c’est le Soleil, qui par sa chaleur et sa lumière engendre la vie et la pensée. Seulement, la doctrine médo-perse a spiritualisé cette notion primitive ; elle a substitué à un objet matériel une conception idéale ; elle a fait du soleil et du feu le symbole et la production première d’un être supérieur et invisible, auquel elle a conservé le nom d’Ahura ; et ce mot n’a plus signifié que Vivant ou Principe de vie. D’autre part, elle a gardé à peu près tous les anciens dieux âryens, mais en les classant dans une hiérarchie régulière, à la tête de laquelle elle a placé cet