Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gente, mais faible par le nombre, elle a soutenu jusqu’à l’époque de Jésus une lutte dont les livres de la Bible retracent les émouvantes péripéties. Prise en elle-même, elle apparaît comme un emprunt fait à l’Asie centrale et particulièrement au mazdéisme.

Reste la religion chrétienne, religion récente en apparence, et qui ne semble dater que de dix-huit siècles. C’est de toutes les religions celle dont les vraies origines peuvent être le plus facilement et plus sûrement reconnues. Quoique son premier siècle ne nous ait laissé que peu de livres et qu’elle-même n’ait eu pendant de longues années qu’une existence sociale mystérieuse et péniblement soutenue, nous avons trois sources de documents tels que n’en a laissé aucune des religions de l’antiquité : ce sont les rituels, les dogmes écrits ou discutés et les monuments figurés, dont les catacombes de Rome offrent à elles seules une collection presque inépuisable. Jusqu’à présent les dogmes chrétiens sont la seule de ces trois choses dont la science ait tenté d’établir l’origine. Quant aux rites, nous ne sachons pas qu’ils aient fait l’objet d’aucune étude ayant un caractère scientifique, Enfin, l’archéologie chrétienne n’a guère remonté jusqu’à présent au delà des premiers temps du christianisme, de sorte que l’origine de presque toutes les figures symboliques est encore à trouver.

Toutefois, il est bon de se souvenir que les rites et les symboles ne sont jamais que l’expression sensible de la doctrine, et que, par conséquent, ils cheminent avec elle à la surface de la terre et partagent sa destinée. La doctrine nécessairement les précède, puisque sans elle ils n’auraient aucune signification, aucune valeur, aucune autorité, et sembleraient des chimères. Plus tard, au contraire, par l’enseignement, les rites et les symboles se transmettent encore, lorsque déjà la doctrine est oubliée ; et ils continuent de régner en