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maliel, que l’on disait avoir été baptisé secrètement par Jean-Baptiste, et qui défendit les apôtres dans Jérusalem. Gamaliel avait pour père Siméon, fils de Hillel. Hillel, le premier des trois docteurs de ce nom, était né à Babylone au commencement du siècle ; il était pharisien ; fondateur d’une école restée célèbre, il avait soutenu contre le fameux Shammaï la doctrine orale, qui se perpétuait par l’enseignement secret en opposition avec l’Écriture, et dont lui-même avait approfondi l’étude dans sa ville natale. Ce fut certainement une des voies par lesquelles parvinrent jusqu’à Paul les théories secrètes dont nous aurons à parler ; mais comme son commerce le mettait en relation avec des hommes de toute doctrine et de tout pays, il est probable qu’il reconnut l’identité de ce qu’il avait appris de Gamaliel avec la doctrine dont les apôtres de Jésus gardaient le secret. Cette doctrine, il en avait d’ailleurs saisi quelques formules dans la bouche du malheureux Étienne.

Paul vit et désapprouva la conduite trop prudente ou trop résignée des apôtres.

À cette époque circulait parmi les fidèles, sous le nom de Mathieu, un évangile en langue hébraïque ou plutôt en syro-chaldéen. Il avait été composé pour les Hébreux de Palestine, et reproduisait la pensée de Pierre et sa manière d’enseigner la religion nouvelle. Comme il n’allait pas au delà des prédications de Jésus, il procédait exclusivement par des récits et par des paraboles, ne pénétrant point au fond des choses et laissant la doctrine secrète sur un arrière-plan impénétrable. Nous pouvons nous convaincre, en effet, par notre version de l’évangile selon saint Mathieu, que si le christianisme n’était pas sorti de cette voie, il n’aurait été qu’une réforme morale dans le judaïsme et ne serait jamais devenu une religion universelle.

C’est ce que Paul comprit, et il se donna la double