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DU BUDDHISME INDIEN.

à sa dernière existence mortelle, aient été rassemblés à part, et qu’on en ait formé une classe de livres nommés les Naissances. C’est là, nous le verrons plus tard, ce qu’ont fait les Buddhistes de Ceylan. Il faut donc admettre que Djâtaka peut être le titre d’une classe plus ou moins nombreuse de traités consacrés au récit des existences antérieures de Çâkyamuni, et il n’y a pas lieu de faire, contre l’emploi ainsi défini de ce terme, les objections que j’ai exposées sur les articles précédents. Il n’en est pas moins vrai cependant que ce terme n’a dû désigner une classe de livres que parce qu’il existait, dans les ouvrages réputés inspirés, des récits relatifs aux existences anciennes du Buddha. Il faut donc encore répéter ici ce que j’ai dit à l’occasion des Gêyas, des Gâthâs et des autres divisions de la classification népâlaise. Les naissances sont un des éléments qui entrent dans la composition des livres réputés inspirés. J’ajoute qu’en admettant même l’existence d’une classe spéciale de Djâtakas, cette classe ne devra pas avoir une importance égale à celle des Sûtras, parce qu’il y a des récits d’anciennes existences dans les Sûtras, tandis qu’on ne connaît pas encore de Sûtras dans les Djâtakas.

9° « Vâipulya. Ces livres traitent des différentes espèces de Dharma et d’Artha, c’est-à-dire des différents moyens d’acquérir les biens de ce monde « (Artha) et du monde futur (Dharma). »

Ici encore nous avons une catégorie de livres dont la liste de M. Hodgson ne nous fournit aucun spécimen. Cette division n’en est pas moins réelle, et on en remarque l’indication sur quelques-uns des volumes que nous possédons à Paris. Ainsi le Lotus de la bonne loi est un Mahâ vâipulya sûtra, s’il en faut croire une stance qui ne fait pas, il est vrai, partie de cet ouvrage, et qui est comme une sorte de préface du copiste. L’existence du titre de Vâipulya sûtra est d’ailleurs prouvée par un passage du Lotus de la bonne loi, où il est dit qu’un Buddha expose des Sûtras vâipulyas[1]. Elle est mise hors de doute par les titres de plusieurs ouvrages sanscrits recueillis dans la Bibliothèque tibétaine du Kah-gyur, et que Csoma de Cörös a traduits par « Sûtras d’une grande étendue[2]. » Je n’hésite pas à rendre le terme de vâipulya par développement, et je dis que les Vâipulya sûtras, ou les Sûtras de développement, forment une sous-division de la classe des Sûtras, sous-division dont le titre s’accorde bien, ainsi que nous le verrons plus bas, avec la nature et la forme des livres qu’elle embrasse. Je n’ai jamais vu ce titre sur d’autres ouvrages que des Sûtras, d’où je conclus que la division dite Vâipulya ne constitue pas, à proprement

  1. Le Lotus de la bonne loi, f. 15 a du texte, et p. 15 de la traduction.
  2. Analys. of the Sher-chin, etc., dans Asiat. Researches, t. XX, p. 401 et 465.