existe une classe de livres qui portent le titre d’Ityukta, ces livres doivent se composer de citations, de récits ou empruntés à d’autres livres, ou recueillis par la tradition ; car la formule « dit ainsi » suppose un narrateur qui ne fait que rapporter les paroles d’un autre. Mais l’explication que j’ai proposée pour les articles précédents est également applicable ici, et l’on doit trouver dans les livres buddhiques des morceaux auxquels convient le titre d’Ityukta, soit que ces morceaux soient placés dans la bouche du Buddha, soit que quelqu’un de ses disciples en soit réputé l’auteur. En un mot, l’Ityukta doit être un des éléments constitutifs des livres buddhiques, mais ce n’est pas nécessairement une classe de ces livres. La définition des Buddhistes chinois vient à l’appui de cette explication. « Ce mot, disent-ils, signifie affaire primitive, quand on raconte ce qui a rapport aux actes des disciples des Bôdhisattvas, pendant leur séjour sur la terre, « comme dans le Pen sse phin du Fa hoa king, où il est question du Bôdhisattva Yo wang, qui se réjouissait dans la vertu brillante et pure comme le soleil et la lune, et dans la loi obtenue par Buddha, qui de son corps et de « son bras pratiquait les cérémonies, et se livrait à toutes sortes d’austérités « pour obtenir la suprême intelligence[1]. » L’expression d’affaire primitive est assez vague ; mais les éclaircissements qui suivent montrent que les Chinois entendent par ityukta un récit. Il y a dans notre Lotus de la bonne loi un chapitre qui offre quelque analogie avec le sacrifice cité par le commentateur chinois ; c’est celui où le Bôdhisattva Sarvasattva priyadarçana fait, auprès du monument d’un Buddha, l’offrande de son bras et de son corps[2].
8° « Jâtaka (prononcez Djâtaka). Ces livres traitent des actions des naissances antérieures. »
Cette définition, qui est d’accord avec le sens du terme sanscrit, fait exactement connaître les livres auxquels elle s’applique. Je dis les livres, quoiqu’il n’en existe qu’un seul dans la liste népâlaise et dans la collection de M. Hodgson, qui porte et qui mérite le titre de Djâtaka (naissance) ; c’est le volume intitulé Djataka mâlâ, ou la Guirlande des naissances, qui passe pour un récit des diverses actions méritoires de Çâkya, antérieurement à l’époque où il devint Buddha. La définition des Buddhistes chinois n’est pas moins exacte. « Ce mot, disent-ils, signifie naissances primitives ou antérieures. C’est quand on raconte les « aventures que les Buddhas et les Bôdhisattvas ont éprouvées à l’époque de leur existence dans une autre terre, etc.[3]. » On conçoit très-bien que ces nombreux récits, par lesquels Çâkya fait connaître ses naissances antérieures