Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
DU BUDDHISME INDIEN.

et qui cependant est indiquée souvent dans les textes, plus souvent même que la division en trois classes examinée tout à l’heure. Je veux parler des quatre Âgamas, ou recueils de la loi, dont le Divya avadâna fait plusieurs fois mention. Voici les textes où j’en trouve l’indication : « Sa âyuchmatâ Çâriputtrêna pravrâdjita upasam̃pâdita Âgamatchatuchțayam tcha grâhitah, » c’est-à-dire, Quand il eut été introduit par le respectable Çâriputtra[1] dans la vie religieuse, il reçut l’investiture et la connaissance des quatre Âgamas[2]. Âgamatchatuchțayam adhîtam. « Les quatre Âgamas ont été lus[3]. » Ihâpy Âgamatchatuchțayam sthâpayêt. « Qu’il établisse ici même les quatre Âgamas[4]. » Enfin les titres de ces quatre Âgamas nous sont donnés dans le passage suivant : Tvam tûvat samyuktakam adhîchva, tvam api madhyamam, tvam api dîrghâmam… Aham api tâm êvâikôttarikâm vimrichțarûpâm pradjvâlayâmi. « Lis donc, toi le court Agama, toi le moyen, toi le grand ; quant à moi, je me charge d’éclaircir la collection supplémentaire, dont j’ai clairement considéré le sujet[5]. » Il se peut qu’il reste encore quelque doute sur le titre du quatrième Âgama, lequel est assez obscur. Quoi qu’il en soit de ce point de détail, nous avons ici quatre collections ou recueils sur lesquels la tradition népâlaise ne nous apprend rien. Ce qui donne cependant de l’intérêt à cette classification, c’est qu’elle se retrouve, ainsi que nous le dirons plus tard, chez

  1. Çâriputtra est, avec Mâudgalyâyana, dont il sera parlé plus tard, le premier des disciples de Çâkyamuni. On peut voir dans le Foe koue ki, tant au texte de Fa Hian qu’aux notes de MM. A. Rémusat et Klaproth, des détails aussi intéressants qu’exacts sur ce personnage célèbre. Les passages qui se rapportent à sa naissance et à sa mort sont indiqués tous à la table de cet ouvrage. Le seul point qui soit sujet à contestation est la note où il est dit que Çâriputtra avait été instruit dans la Pradjñâ, ou dans la Sagesse, par le célèbre Avalôkitêçvara. (Foe koue ki, p. 107.) Cette assertion est très-probablement empruntée à quelque Sûtra développé ; je n’en trouve pas la moindre trace dans les livres que j’examine en ce moment. Çâriputtra se nommait Upatichya, c’est le nom que les Tibétains traduisent Ne rgyal, et que cite Klaproth. (Foe koue ki, p. 264. Csoma, Asiat. Res., t. XX, p. 49.) Il le tenait de son père, qui s’appelait Tichya, tandis que le nom de Çâriputtra lui venait de sa mère Çârikâ. (Csoma, Asiat. Res., t. XX, p. 49.) Fa hian nous apprend qu’il naquit dans le village de Nalo, près de Râdjagriha. Il est singulier que Klaproth n’ait pas rapproché de ce nom celui de Na lan tho, dont les auteurs chinois parlent, entre 780 et 804 de notre ère. (Foe koue ki, p. 256.) Le premier nom n’est qu’une abréviation du second Na lan tho, et ce dernier reproduit exactement l’orthographe Nalada ou Nalanda que donne Csoma (Asiat. Res., t. XX, p. 48), ou plus rigoureusement encore Nâlanda, comme l’écrivent les textes sanscrits du Nord et les livres pâlis du Sud. Le Mahâvastu nomme ce lieu Nâlanda grâma, et le place à un demi-yôdjana de Râdjagriha, capitale ancienne du Magadha. (Mahâvastu, f. 264 a de mon man.) L’ouvrage que je cite en ce moment rapporte avec de grands détails l’histoire de la jeunesse et de la conversion d’Upatichya ou Çâriputtra, et presque dans les mêmes termes que le Dul-va tibétain analysé par Csoma. (Asiat. Res., t. XX, p. 48 sqq.)
  2. Sam̃gha rakchita, dans Divya avadâna, f. 165 a.
  3. Kôțikarna, dans Divya avad., f. 9 a.
  4. Sam̃gha rakchita, dans Divya avadâna, f. 166 a.
  5. id. ibid.