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DU BUDDHISME INDIEN.

traités auxquels il serait sans doute facile d’en ajouter d’autres, si nous possédions exactement en sanscrit tout ce que renferme en tibétain la bibliothèque du Kah-gyur.

Maintenant, pour que quelques Avadânas aient pu être compris au Tibet dans le cadre du Vinaya, il fallait que ces Avadânas eussent plus ou moins directement trait à la discipline. Je conclus de cette observation que si la classe du Vinaya semble manquer tout à fait à la collection de M. Hodgson, c’est que le titre général de cette classe est masqué par les titres particuliers de quelques livres qui doivent y rentrer. La liste d’ouvrages buddhiques donnée par M. Hodgson, et dont il sera fréquemment parlé plus bas, nous fournit deux exemples d’Avadânas qui appartiennent nécessairement à la classe du Vinaya ; ce sont le Kaṭhina avadâna, qui traite du vase, du bâton et du vêtement des Religieux, et le Piṇḍapâtra avadâna, qui est relatif au vase à recueillir les aumônes[1]. Les Népâlais ne peuvent ignorer la grande division des écritures buddhiques en trois classes, puisque leurs livres mêmes, textes canoniques et commentateurs, en parlent comme de quelque chose de vulgaire. Mais nous ne possédons pas un catalogue des livres sanscrits du Népâl où ces livres soient rangés sous l’une ou sous l’autre des classes auxquelles ils appartiennent. Le fait cependant ne doit pas prévaloir contre le droit, et en l’absence de tout renseignement positif sur ce point, nous pouvons en toute assurance recourir à la tradition tibétaine, qui, fixée par l’écriture entre le VIIe et le XIIIe siècle de notre ère, nous offre des renseignements antérieurs de près de onze siècles à la tradition recueillie, il y a vingt ans environ, au Népâl. J’hésite d’autant moins à combler les lacunes de la tradition népâlaise par les données que fournit la bibliothèque du Kah-gyur, que cette bibliothèque ne renferme à bien peu de chose près que des traductions des livres sanscrits, et que les livres du Népâl tirent leur autorité de la langue dans laquelle ils ont été écrits, bien plus que de la contrée où M. Hodgson les a découverts.

Je passe maintenant à la troisième division, celle de l’Abhidharma piṭaka. Le commentaire de l’Abhidharma kôça, que j’ai cité plus haut, explique le mot abhidharma par abhimukhô dharmah, « la loi présente ou manifeste[2], » et c’est également ainsi que l’entendent les interprètes tibétains du Kah-gyur[3]. Les Buddhistes chinois n’en donnent pas une explication aussi claire quand ils disent qu’abhidharma signifie discours, entretien, et qu’ils ajoutent que « ce sont des traités où, par le moyen de demandes et de réponses, on fait un choix

  1. Asiat. Researches, t. XVI, p. 430.
  2. Abhidharma kôça vyâkyâ, f. 8 b du man. de la Société Asiatique.
  3. Csoma, Asiat. Researches, t. XX, p. 43.