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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

que par leur accord, à resserrer le champ de l’hypothèse et de l’erreur ? On ne peut espérer d’arriver à quelque conclusion positive sur la contrée où a dû être rédigée la collection népâlaise, avant d’avoir examiné en détail les divers ouvrages dont elle se compose. Il faut rechercher dans chacun d’eux les indices faits pour nous éclairer sur leur caractère, et par suite sur leur origine ; constater si tous se présentent également comme inspirés ; distinguer ceux qui portent des noms d’auteurs de ceux qui passent pour canoniques ; puis, entre ces derniers, établir, s’il se peut, une succession chronologique, fondée sur la succession des écoles auxquelles ils se rattachent et sur l’âge des événements et des personnages dont ils ont gardé le souvenir. Telle est l’expression la plus générale des conditions du problème ; c’est seulement quand on aura pleinement satisfait à ces conditions qu’il sera résolu d’une manière positive ; jusque-là, et tant qu’on n’aura pas déterminé la patrie d’un ouvrage donné, soit par le témoignage direct de cet ouvrage même, soit par des moyens avoués de la critique, la présomption sera en faveur de l’opinion qui regarde comme ayant été rédigés dans l’Inde des ouvrages écrits dans la langue savante de ce pays.

Maintenant que j’ai indiqué la place qu’occupe la collection de M. Hodgson dans l’ensemble des matériaux que nous fournit l’Orient pour l’étude du Buddhisme, il ne me reste plus qu’à tracer rapidement l’ordre dans lequel j’ai cru devoir présenter les résultats de mes recherches. Pour me familiariser avec les idées et avec le style qui distinguent les livres buddhiques des autres productions de la littérature sanscrite, j’ai choisi un ouvrage qui fît autorité au Népâl, et je l’ai traduit dans le dessein de le présenter plus tard au public comme un spécimen de cette littérature encore inconnue. Mais avant de m’y arrêter, il m’a fallu parcourir presque toute la collection, et ce n’est qu’après trois années de lectures préliminaires que je me suis décidé pour le livre que je publierai prochainement sous le titre de Lotus de la bonne loi. Indépendamment de l’intérêt qu’il peut avoir comme livre canonique, cet ouvrage m’a mis en état de comprendre bien des détails qui m’avaient échappé lors de l’examen sommaire que je fis de la collection de M. Hodgson. Il est devenu pour moi un terme de comparaison auquel j’ai rapporté les notions que m’avaient fournies mes premières lectures ; et ces notions à leur tour, comparées entre elles, puis avec celles qu’on peut puiser dans les livres d’un autre peuple buddhiste, les Singhalais, m’ont mis à même, sinon de résoudre définitivement les plus importantes des questions auxquelles donne lieu la collection népâlaise, du moins de poser ces questions avec une précision plus grande que cela n’eût été possible d’après la connaissance d’un seul ouvrage.

Voici donc, en peu de mots, l’ordre que je me propose de suivre. Je décrirai