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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

Page 451, note 3. — Je devais, à la suite de cette note, indiquer par un renvoi à l’Appendice les observations qui vont suivre ; mais ce renvoi a été oublié, et je n’ai plus que la ressource des additions pour réparer cet oubli. Ces observations m’ont été suggérées par la manière dont M. Schmidt, d’après ses autorités mongoles, envisage la théorie des Nidânas ou des causes successives de l’existence. Comme cette théorie se trouve encadrée dans un morceau où sont énumérées toutes les thèses qui figurent dans la Pradjnâ pâramitâ, je crois indispensable de reproduire la plus grande partie de ce morceau, en l’accompagnant de courtes observations destinées pour la plupart à rétablir la forme indienne de ces termes, forme à laquelle il faut toujours revenir en dernière analyse, puisqu’elle seule est primitive et originale. D’un autre côté, comme le morceau de M. Schmidt est une traduction d’un texte mongol, qui est probablement une traduction d’un texte tibétain, lequel est certainement une traduction d’un texte sanscrit, j’ai cru que je m’exposais à ne plus rien donner au lecteur de l’original, si je traduisais encore en français le dernier résultat de ces traductions successives. On trouvera donc ici le texte même de M. Schmidt, divisé en courts paragraphes et accompagné des observations nécessaires.

« Es gibt sechs Grundursachen (Stoffe, Elemente), und fünf ausgebildete Kategorien ; diese letzteren sind : die Farbe (die Gestalt, das Aussehen), das Vermuthen, das Denken, das Thun (Handeln, Wirken) und das Wissen (Erkennen). »

Ces six éléments sont les Dhâtus, ou éléments matériels dont il sera question plus bas ; et ce que les Mongols ou leur savant interprète nomment les cinq ausgebildete Kategorien, sont les cinq Skandhas, c’est-à-dire les cinq agrégats ou attributs intellectuels : Rûpa, la forme ; Vêdanâ, la sensation ; Sam̃djñâ, l’idée ; Sam̃skârâḥ, les concepts ; et Vidjñâna, la connaissance. Je ne crois pas que le mot allemand Vermuthen puisse être une traduction exacte de Vêdanâ, terme qui ne peut exprimer qu’une de ces trois choses : 1° la sensation restreinte à la pure impression sensible ; 2° la perception résultante de cette sensation ; 3° la connaissance résultante de cette perception ; trois significations, dont la première me paraît s’accorder le mieux avec le reste de l’énumération. Je ne crois pas davantage que Sam̃skâra soit l’action ; cette traduction est beaucoup trop vague, à moins qu’on n’entende par ce terme l’action de l’imagination ou de cette faculté qu’a l’esprit, formas effingendi.

« Die zwölf Sinnvermögen (Werkzeuge) nebst den Sinnen sind : die Augen, die Ohren, die Nase, die Zunge, der Körper, der Wille (das Verlangen) und demnächst die Aeusserungen dieser Werkzeuge oder Vermögen : das Aussehen (die Farbe) Gestalt), die Stimme (der Laut, Ton), der Geruch, der Geschmack