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DU BUDDHISME INDIEN.

Pañtcha krama ṭippanî que je crois utile de citer. Le Yôgin doit, d’après le texte de cet ouvrage, prononcer l’axiome suivant : Svabhâva çuddhâḥ sarvadharmâḥ svabhâva çuddhô ’ham iti. « Toutes les conditions ou tous les êtres sont produits de leur nature propre ; je suis moi-même produit de ma propre nature[1]. » Je crois que cette signification de Svabhâva est la plus ancienne ; si, comme le pense M. Hodgson, les Buddhistes entendent par ce terme la nature abstraite, cette notion métaphysique peut avoir été ajoutée après coup à ce mot, dont l’interprétation naturelle est celle qui ressort de l’axiome que je viens de citer. Il n’est pas inutile de remarquer le sens que prend le participe çuddha, « achevé, accompli ; » ce sens est vulgaire dans le sanscrit buddhique.

Page 397, note 4. — Aux indications fournies par Klaproth, que la note de la page 397 renferme, il faut joindre celles que nous donne M. A. Rémusat dans un passage relatif à un autre texte du Foe koue ki. Suivant une notice chinoise des pays occidentaux, au temps de la dynastie des Thang, il y avait dans la province d’Udyâna cinq sectes buddhiques. La première était celle de Fa mi, « silence de la loi. » Je suppose que c’est la quatrième des subdivisions de l’école de Râhula, celle que Csoma nomme Dharma gupta. La seconde était celle de Houa ti, « conversion de la terre ; » ce sont les Mahî çâçakas de Csoma. La troisième était celle d’Yn kouang ou Kâçyapa, « lumière bue ; » ce sont les Kâcyapiyas de Csoma, lesquelles appartiennent, comme les deux dernières sectes, à l’école de Râhula. La quatrième était celle de Choue i thsi yeou. M. Rémusat n’a pas traduit ce titre ; je manque conséquemment des moyens d’en retrouver la synonymie sanscrite. La cinquième était celle de Ta tchoung, « la multitude, » Ce sont très-probablement les Mahâsam̃ghikas, ou l’école de Kâçyapa le célèbre disciple de Çâkya[2].

Page 450, note 3. — Il faut ajouter en outre à ces témoignages celui de M. Turnour, qui va plus loin encore, du moins en apparence, puisqu’à l’occasion des dernières paroles prononcées par Çâkya, il traduit le mot sam̃khâra (pour sam̃skâra) par chose périssable, dans ce passage : « Les choses périssables sont « transitoires[3]. » C’est le mot même que j’ai rendu par composé dans la traduction du Sûtra où sont annoncés les derniers moments de Çâkyamuni[4].

  1. Pañtcha krama ṭippanî, f. 1, l. 3.
  2. A. Rémusat, Foe koue ki, p. 53.
  3. Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. VI, p. 1051.
  4. Second Mémoire, sect. II, p. 75.