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DU BUDDHISME INDIEN.

de ce qu’on n’aime pas, la séparation d’avec ce qu’on aime, l’impuissance à obtenir ce qu’on désire et ce qu’on recherche, la forme, la sensation, l’idée, les concepts, la connaissance, en un mot les cinq attributs de la conception, tout cela est la douleur. Voilà, ô Religieux, ce que c’est que la douleur qui est une vérité sublime. Qu’est-ce que c’est que la production de la douleur qui est une vérité sublime ? C’est le désir sans cesse renaissant, accompagné de plaisir et de passion, qui cherche à se satisfaire çà et là. Voilà, ô Religieux, ce que c’est que la production de la douleur, qui est une vérité sublime. Qu’est-ce que c’est que l’anéantissement de la douleur qui est une vérité sublime ? C’est la destruction complète de ce désir sans cesse renaissant, accompagné de plaisir et de passion, qui cherche à se satisfaire çà et là ; c’est le détachement de ce désir, c’en est l’anéantissement, l’abandon, l’annihilation ; c’est le renoncement complet à ce désir. Voilà, ô Religieux, ce que c’est que la vérité sublime de l’anéantissement de la douleur. Qu’est-ce que c’est que la vérité sublime de la marche qui conduit à l’anéantissement de la douleur ? C’est la voie sublime composée de huit parties, à savoir : la vue droite, la volonté, l’effort, l’action, la vie, le langage, la pensée, la méditation droite. Voilà, ô Religieux, ce que c’est que la vérité sublime de la voie qui conduit à l’anéantissement de la douleur[1].

On peut encore consulter Csoma de Cörös touchant les quatre Ârya satyâni ou vérités sublimes, qui viennent d’être énumérées[2].

Page 307, note 2. — L’observation qui fait l’objet de cette note est changée en certitude par le passage suivant de Fa hian : « ceux qui auront reçu les trois Koueï et les cinq préceptes[3]. » En effet, les trois Koueï ou les trois appuis répondent à l’expression de Çaraṇa gamana ou de Triçaraṇa, « les trois refuges ; » et cette expression elle-même est le résumé abrégé des trois formules Buddham çaraṇam gatchhâmi, Dharmam çaraṇam gatchhâmi, Sam̃gham çaraṇam gatchhâmi, ainsi que je l’ai fait voir ci-dessus[4]. Quant aux cinq préceptes, ce sont les cinq commandements fondamentaux, base de la morale buddhique, ainsi que l’indique une note de M. Landresse sur le Foe koue ki[5], exactement comme je l’ai conjecturé dans la note, objet des présentes remarques. C’est ce que nos textes nomment Çikchâpada.

  1. Mahâvastu, f. 357 a de mon manuscrit ; f. 371 b, man. Soc. Asiat. Voyez aussi Lalita vistara, f. 216 a sqq.
  2. Asiat Res., t. XX, p. 294.
  3. Foe koue ki, p. 352.
  4. Second Mémoire, sect. II, p. 71, note 2.
  5. Foe koue ki, p. 358 comp. à p. 104.