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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

reconnaître leur opinion touchant sa signification véritable. C’est par les monosyllabes Dran-pa-ñer-bdag, sans doute « l’action de placer sa mémoire, » qu’ils rendent smrĭtyupasthâna. On peut cependant conclure de là que le terme original upasthâna doit se traduire par application, de cette manière : « l’application de la mémoire au corps, ou à l’aide du corps, etc. » La version chinoise, telle du moins que l’interprète M. A. Rémusat, nous permet d’aller un peu plus loin, puisqu’il traduit les mots correspondants à smrĭtyupasthâna par cogitare respiciendo corpus, etc. Il n’est plus question ici de mémoire ; et en effet le mot smrĭti (comme le pâli sati) a dans le style buddhique le sens spécial de pensée, réflexion. C’est probablement de cette manière qu’il faut l’entendre ici ; et smrĭtyupasthâna, qui littéralement interprété signifie « le placement de la réflexion, » doit peut-être se traduire par « l’application de la pensée. » Je préfère cette dernière explication à celle de « soutiens de la mémoire » que j’avais adoptée pour n’avoir pas examiné d’assez près l’énumération du Vocabulaire pentaglotte.

Page 104, ligne 17. — Quand j’ai cherché à établir que le système des Dhyâni Buddhas devait être indépendant de l’existence d’Âdibuddha, j’aurais pu m’autoriser du sentiment de M. G. de Humboldt, qui rappelle que Hêmatchandra cite déjà au xie siècle un grand nombre de Divinités, aujourd’hui adorées des Népâlais, et qui en conclut que ces divinités étaient honorées dans l’Inde avant que le Buddhisme eût été transporté au Népâl[1]. La vérité est que M. de Humboldt ne s’exprime pas d’une manière aussi affirmative que je le fais ; et je dois le remarquer, pour qu’on ne croie pas que je veux lui faire partager mon erreur, si j’en commets une. Mais j’ai la confiance que s’il eût eu entre les mains les matériaux qui sont à ma disposition, ses conclusions n’eussent pas sensiblement différé de celles qu’expose mon texte.

Page 149, note 5. — Le Religieux dont l’extérieur décent frappa Çâriputtra, dans un temps où il n’était pas encore converti au Buddhisme, est nommé Upasêna par le Mahâvastu[2]. Fa hian, qui nous a conservé la tradition de cette rencontre, nomme ce Religieux O’pi[3]. D’un autre côté Hiuan thsang, au rapport de Klaproth, le nomme A chy pho chi, c’est-à-dire, comme l’a bien vu Klaproth, Açvadjit, nom d’un Religieux qui est en effet célèbre parmi les premiers disciples

  1. Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 298.
  2. Mahâvastu, f. 265 a de mon man.
  3. Foe koue ki, p. 262.