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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

Buddhisme, ainsi que j’essaye de le prouver dans la section V de mon second Mémoire.

Page 66, ligne 12, et note 1 de la page 67. — Les quatre principes de la puissance surnaturelle, ou plus exactement, les quatre fondements de cette puissance sont énumérés d’une manière plus complète dans le Vocabulaire pentaglotte[1] que dans notre texte, où deux des noms qu’ils portent ne sont indiqués qu’en abrégé. J’ai dit dans la note 4, à laquelle se rapporte cette addition, que sans commentaire on ne pouvait se flatter de comprendre parfaitement ces formules obscures ; cependant la comparaison de la version qu’en donnent les Tibétains avec les termes originaux me permet d’en tenter l’explication. Le terme fondamental est Rĭddhi pada, que les Tibétains représentent par Rdzu-hphrul-gyi-rkang-pa, « le fondement des transformations miraculeuses. » Le premier de ces fondements est, pour le Vocabulaire pentaglotte, comme pour notre texte, Tchhanda samâdhi prahâṇa sam̃skâra samanvâgata, composé dont l’examen de la version tibétaine m’autorise à placer tous les termes dans le rapport suivant : « Doué de la conception du renoncement à la méditation du désir. » D’où il suit que le premier fondement de la puissance surnaturelle consiste dans la faculté de concevoir l’abandon de toute idée de désir, où est l’effet de cette faculté. Le second fondement, dont le nom n’est donné qu’en abrégé dans le texte de notre Sûtra, est ainsi développé par le Vocabulaire pentaglotte : Tchitta samâdhi prahâṇa sam̃skâra samanvâgata, et on peut le traduire littéralement dans le même système : « Doué de la conception du renoncement à la méditation de la pensée. » Il suit de là que le second fondement de la puissance surnaturelle consiste dans la faculté de concevoir l’abandon de toute idée de pensée. Le troisième fondement est Vîrya samâdhi prahâṇa sam̃skâra samanvâgata. Après ce que je viens de dire des deux termes précédents, je puis avancer, sans insister davantage sur le dernier, que le troisième fondement de la puissance surnaturelle consiste dans la faculté de concevoir l’abandon de toute idée d’énergie. Le quatrième fondement est nommé Mîmâm̃sâ samâdhi prahâṇa sam̃skâra samanvâgata ; il consiste dans la faculté de concevoir l’abandon de toute idée de recherche. Il résulte de tout ceci que les Buddhistes attribuent des facultés surnaturelles à celui qui est parvenu à s’imaginer qu’il a renoncé à toute idée de désir, de pensée, d’effort, de recherche ou de méditation, c’est-à-dire à celui qui s’est, en quelque sorte, détaché de toute opération intérieure. Comme cela n’est guère possible dans l’état ordinaire de l’humanité, on comprend que ceux qu’on croyait capables

  1. Vocab. pentagl., sect. XXVII.