Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/594

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
552
INTRODUCTION À L’HISTOIRE

la classe des Dieux que nous cherchons dans l’expression So-rnam-rgyês[1], que je lis Bsod-nams-skyes, comme le Vocabulaire pentaglotte[2], et que je traduis ainsi : « ceux qui sont nés de la pureté. » Ici encore je présente cette correction avec d’autant plus de confiance, que l’article sur lequel elle porte vient, dans la liste de Georgi, immédiatement après le titre que j’ai prouvé correspondre à l’article précédent, Anabhraka. M. A. Rémusat traduit ce mot d’après les Chinois par « vie heureuse[3], » ce qui est un peu vague. Son travail inédit sur le Vocabulaire pentaglotte porte spiritus nascens ex divitiis[4], expression où divitiis est certainement impropre, mais d’une sorte d’impropriété qui se retrouve dans Bsod-nams, mots tibétains qui signifient à la fois fortune, bonheur et mérite moral ou pureté. Le sanscrit puṇya n’a heureusement pas un si grand nombre d’acceptions.

Le troisième étage de la sphère de la quatrième contemplation est habité par les Vrĭhatphalas, « ceux qui ont les grandes récompenses. » En suivant le nouvel ordre que je propose pour la liste de Georgi, on trouve les Hbres-bu-tchhe-ba[5], ce que je corrige ainsi, d’accord avec le Vocabulaire pentaglotte, Hbras-bu, etc., et que je traduis « grandes récompenses, » c’est-à-dire « ceux qui ont les grandes récompenses. » Les Chinois, selon M. A. Rémusat[6], n’entendent pas autrement ce titre, qui ne peut faire aucune difficulté. J’avertis seulement les personnes qui seraient tentées d’accorder au Vocabulaire pentaglotte une confiance que ce recueil ne me paraît pas mériter complètement, que le nom des Vrĭhatphalas y est altéré de manière à ne pouvoir être reconnu. Il faut en outre noter la différence qu’offre ici la classification népâlaise, telle que M. Hodgson l’a reçue de son Buddhiste, avec celles de notre Sûtra, du Vocabulaire pentaglotte et des livres mongols : c’est qu’après le ciel des Vrĭhatphalas, les Népâlais placent des Arangisattvas, ou des êtres non passionnés, dont nos autres listes ne parlent pas[7]. Il semble que ce nouveau nom ne soit qu’un synonyme d’une des autres classes déjà connues, peut-être des Avrĭhas, auxquels nous allons passer, et qui ne sont vraisemblablement appelés des Dieux exempts d’efforts que parce qu’ils sont exempts de passions et de tout attachement. Je noterai plus bas l’existence d’une autre classe de Dieux propres aux Népâlais, dont l’invention s’expliquerait également bien de cette manière. Je dois cependant remar-

  1. Alphab. Tib., p. 484, n° 19.
  2. Vocab. pentagl., sect. liii, n° 2.
  3. Foe koue ki, p. 146.
  4. Vocab. pentagl., sect. liii, n° 2. Comparez Schmidt, Mém., etc., t. IV, p. 217.
  5. Alphab. Tib., p. 484, n° 20.
  6. Foe koue ki, p. 146. Vocab. pentagl., sect. liii, n° 3.
  7. Transact. Roy. Asiat. Soc., t. II, p. 234.