Brahma parichadyas et Mahâbrahmâṇas. Or si l’on compare cette classification à celle de notre Sûtra, il semble qu’elle résulte de ce qu’on divise au Népâl en deux ordres distincts les Brahma kâyikas et les Brahma parichadyas, que notre Sûtra et le Vocabulaire pentaglotte paraissent réunir en une seule catégorie. D’un autre côté, la classification qui ne reconnaît que trois cieux de Brahmâ est adoptée premièrement par le Sûtra qui donne lieu à la présente note, puis par le Vocabulaire pentaglotte qui en altère les noms, mais qui après tout ne reconnaît que trois ordres (1), par les Buddhistes singhalais[1], enfin par les Mongols, d’après Pallas et M. Schmidt[2]. Ainsi un Sûtra sanscrit du Népâl parle de trois demeures de Brahmâ ; les Mongols, qui suivent d’ordinaire si religieusement la tradition tibétaine, ne reconnaissent que trois demeures, et les Tibétains en comptent quatre. C’est là une de ces différences que signalait M. A. Rémusat en traitant du sujet même qui nous occupe[3], et qu’il ne sera possible de concilier que quand on possédera la traduction complète des autorités indiennes, tibétaines, chinoises et mongoles sur lesquelles s’appuient ces diverses classifications ; quant à présent je regarde celle de notre Sûtra comme plus appuyée que l’autre.
Après tout, ces divergences n’affectent que le nombre des cieux superposés ; car pour les idées qu’expriment les noms que ces cieux portent, elles sont exactement les mêmes dans l’une et dans l’autre classification. D’un côté nous avons quatre ordres de Dieux qui s’élèvent ainsi les uns au-dessus des autres : « ceux qui forment la suite de Brahmâ ; 2° les ministres de Brahmâ ; 3° ceux qui composent l’assemblée de Brahmâ ; 4° les grands Brahmâs. De l’autre côté nous avons trois ordres : 1° ceux qui forment la suite de Brahmâ ; 2° les ministres de Brahmâ ; 3° les grands Brahmâs. Il est très-aisé de comprendre que ceux de la suite et ceux de l’assemblée aient pu être confondus en une seule classe ; et d’autre part on conçoit aussi facilement que la classe unique des Dieux nommés par les uns « ceux qui forment la suite de Brahmâ, » et par les autres « ceux qui « composent son assemblée, » ait pu se dédoubler, si quelque raison, à nous
- ↑ The Mahâvansi, t. III, p. 136. Il y a cependant une confusion dans l’exposé d’Upham ; les Mahâbrahmâs y manquent, et sont remplacés par les Brahma kâyikas. Je crois qu’il y a là substitution plutôt qu’omission.
- ↑ Samml. hist. Nachricht., t. II, p. 48. Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. I, p. 101. C’est la suppression des Brahma kâyikas qui, chez les Mongols, réduit à trois le nombre des cieux de Brahmâ ; mais cette classe n’est pas, à vrai dire, supprimée, si l’on admet, comme moi, qu’elle se confond avec celle des Brahma parichadyas. Nous verrons, en étudiant la classification des Buddhistes du Sud, que ce dernier ordre est le seul qu’ils admettent, et qu’ainsi les Brahma kâyikas et les Brahma parichadyas n’en font qu’un.
- ↑ Journal des Savants, année 1831, p. 610.