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DU BUDDHISME INDIEN.

virtute dominantes[1]. Notre auteur se corrige dans un autre endroit[2] et lit, comme le Vocabulaire pentaglotte, dvang au lieu de nbang que ne donne aucun de nos lexiques. Le sens qui résulte de ces quatre monosyllabes n’est pas parfaitement clair ; mais il est élucidé par la traduction inédite du Vocabulaire pentaglotte de M. A. Rémusat, qui l’interprète ainsi : spiritus permutans aliena[3], et par celle de M. Schmidt, qui définit ainsi le ciel en question : « la région de celui qui agit suivant sa volonté sur les transformations des autres, » c’est-à-dire, ajoute le savant interprète, « la région de celui aux ordres duquel sont « toutes les formes, qui agit sur toutes les formes[4]. » Je dois cependant glisser sur les autres développements dans lesquels entre M. Schmidt à l’occasion de ce ciel dont il fait le séjour de Mâra, le Dieu de l’amour et de la passion ; non pas que ces développements ne soient pleins de vues élevées sur le rôle de Mâra dans la doctrine buddhique, mais c’est qu’ils m’entraîneraient trop loin et que, sauf quelques détails, je n’en trouve pas la justification dans nos textes sanscrits. J’ajoute seulement que les interprétations que je viens de citer se vérifient par celle qu’on peut donner du terme d’ailleurs un peu obscur de notre Sûtra, Paranirmita vaçavartin, « ceux qui disposent à leur gré des formes qu’ont revêtues les autres. » Je n’ai pas besoin d’avertir que ces Divinités, comme les précédentes, appartiennent en propre au système buddhique.

Avec ce sixième étage se termine la première des trois régions, celle des désirs et de la concupiscence. Je dis la première, parce que je suis la classification de notre Sûtra, qui procède en remontant de la terre ; il va de soi-même qu’il faudrait appeler cette région la troisième si l’on descendait des sphères plus élevées, ainsi que l’a fait M. Schmidt dans les Mémoires auxquels je ne puis mieux faire que de renvoyer le lecteur. En continuant à remonter, nous entrons dans la seconde région, celle des formes, qu’habitent des êtres plus parfaits ; ils sont divisés en plusieurs classes que nous allons énumérer dans leur ordre.

Immédiatement au-dessus des Divinités auxquelles on attribue la puissance de transformer miraculeusement et à leur gré les autres créatures, viennent, selon notre Sûtra, les Brahma kâyikas, c’est-à-dire « ceux qui forment la suite de Brahmâ. » C’est le nom des Dieux dont Brahmâ est le chef, et les Buddhistes du Sud ne nomment pas autrement cette classe de Divinités. À cet ordre répondent, dans le Vocabulaire pentaglotte, les Brahma paripatyâ, orthographe fautive que je n’hésite pas à remplacer par Brahma parichadyâḥ, m’appuyant sur la

  1. Alphab. Tib., p. 182.
  2. Ibid., p. 483, n° 16.
  3. Vocab. pentagl., sect. xlix, n° 6.
  4. Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. II, p. 24, et t. IV, p. 216.