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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

célestes, ont fait du séjour qu’ils habitent la demeure privilégiée où vient renaître, pour descendre un jour parmi les hommes, celui qui n’a plus qu’une existence à passer sur la terre, et qui est prédestiné à devenir un Buddha parfaitement accompli. C’est une notion dont j’ai eu plus d’une fois occasion de parler, et qu’on trouve à tout instant reproduite dans les Sûtras.

Le cinquième étage de la même région est le séjour des Dieux que Georgi nomme Hphrul-dgah[1], et qu’il explique ainsi : gaudium ingens ex prodigiis. C’est le nom que M. Schmidt écrit, d’après la transcription erronée des Mongols, Nirmâṇavati, mais qu’il traduit exactement de cette manière : « la région de ceux qui trouvent leur plaisir dans leurs propres transformations ou productions[2]. » Le mot de production me paraît moins exact que celui de transformation ; car le terme original de Nirmâṇarati, comme l’écrit bien notre Sûtra, signifie « ceux qui trouvent leur volupté dans leurs transformations miraculeuses. » C’est de cette manière que l’entend M. A. Rémusat, dans son travail inédit sur le Vocabulaire pentaglotte, où il le traduit : spiritus gaudens in permutationibus[3]. Les traductions que le même auteur a préférées plus tard, celle de « ciel de la conversion » ou « joie de la conversion, » ont l’inconvénient d’être obscures : on ne sait s’il ne faut pas entendre conversion dans un sens religieux, ce qui serait inexact ; car Nirmâṇa et les termes appartenant à la même famille que ce mot, n’ont jamais d’autres sens, dans le style buddhique, que celui de « transformation résultant de la magie. » Le nom et le rôle de ces Divinités appartiennent exclusivement aux Buddhistes, et je ne trouve rien chez les Brâhmanes qui y réponde[4]. On ne saurait nier cependant que l’idée d’attribuer aux Dieux la faculté de prendre à leur gré une forme quelconque ne soit ancienne dans l’Inde, puisqu’elle paraît déjà dans les Vêdas. C’est, je crois, à cette notion de la puissance surnaturelle des Dieux qu’il faut attribuer l’idée qu’ont eue les Buddhistes d’inventer un ciel spécial pour les Divinités qui peuvent revêtir toutes sortes de formes. M. Rémusat pensait que ce ciel avait été ainsi nommé parce que les désirs nés des cinq principes des sensations y étaient convertis en plaisirs purement intellectuels[5]. Le sixième étage de la région des désirs est habité par les Dieux que Georgi nomme Gjan-hphrul-nbang-bye, et dont il traduit ainsi le nom : prodigiorum

  1. Alphab. Tib., p. 182, et p. 483, n° 15.
  2. Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. II, p. 29, et t. IV, p. 216.
  3. Vocab. pentagl., xlix, n° 5.
  4. En effet, les Nirmâṇaratis, qui, suivant le Vichṇu purâna, forment une des classes des Dieux du onzième Manvantara, ne me paraissent avoir aucune analogie avec les Nirmâṇaratis des Buddhistes. (Voyez Vichṇu purâna, p. 268.)
  5. Journal des Savants, année 1831, p. 610.