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INTRODUCTION À L’HISTOIRE DU BUDDHISME INDIEN.

des livres pâlis qui font autorité pour les Buddhistes de cette île, ainsi que pour ceux du Barma, du Pégu et de Siam. L’étude de cette collection est une préparation indispensable à la discussion de la date de Çâkya, et à l’exposé historique du Buddhisme indien qui doit en être la suite. En effet, ou la collection de Ceylan est la même que celle du Népâl, et alors la valeur de celle-ci augmente d’autant plus que l’identité est plus complète : il n’y a plus qu’une source unique pour l’étude du Buddhisme ; on peut en toute sécurité le suivre dans l’un ou dans l’autre de ces deux courants, celui du Nord et celui du Sud, et il ne reste plus à examiner que les circonstances qui ont séparé ce tronc unique en deux rameaux maintenant si éloignés l’un de l’autre. Ou bien la collection de Ceylan diffère de celle du Népâl, non-seulement par le langage, mais encore par le fonds ; et alors ces différences ouvrent à nos recherches une carrière nouvelle, et nous offrent de précieux sujets d’étude. Quels sont le nombre et la portée de ces différences, et en même temps quels sont les points de ressemblance qui existent entre les deux collections ? Ces différences sont-elles assez considérables pour constituer deux écoles, l’une du Nord, l’autre du Sud ? et la nature des ressemblances nous autorise-t-elle à penser que là où elles se trouvent, là est le Buddhisme primitif ? Les conciles ont-ils exercé quelque influence sur la séparation de cette croyance en deux écoles, et la date ainsi que le nombre de ces conciles sont-ils fixés de la même manière dans le Nord et dans le Sud ? Telles sont, en peu de mots, les principales questions que renferme l’étude de la collection singhalaise comparée à celle du Népâl, dans la supposition que ces deux collections seront reconnues différentes l’une de l’autre ; on voit que nous ne pouvons passer à l’exposé historique du Buddhisme indien sans avoir examiné cette collection singhalaise en elle-même et dans ses rapports avec celle du Nord.

Je me propose donc de l’analyser, autant que cela me sera possible, comme j’ai fait de celle du Népâl ; et cette analyse terminée, j’en rapprocherai les résultats de ceux que m’a fournis l’examen des livres buddhiques écrits en sanscrit et conservés dans le Nord. Alors, j’en ai l’assurance, bien des faits que je n’ai présentés que comme probables seront reconnus pour certains ; bien des circonstances sur lesquelles se tait ou ne s’explique qu’obscurément la tradition du Nord seront placées sous leur vrai jour ; en un mot, l’histoire de la collection du Népâl sera éclairée d’une lumière nouvelle, et il sera désormais possible, non-seulement de déterminer les rapports qu’ont entre elles les diverses parties dont elle se compose, mais de lui marquer sa place dans l’ensemble des monuments écrits du Buddhisme.

FIN DU SECOND MÉMOIRE.