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DU BUDDHISME INDIEN.

pas indiqués, comme le Pañtcha skandhaka[1] et le Nirgrantha çâstra[2]. Le premier est certainement un livre buddhique, mais le second est très-probablement un ouvrage étranger à la croyance du Buddha, car je trouve dans la légende de Sumâgadhâ avadâna le titre de Nirgrantha employé avec le sens qu’il a en sanscrit, pour désigner un Brâhmane mendiant. Ce n’est pas le seul ouvrage opposé au Buddhisme que notre auteur rappelle ; ainsi il fait en un endroit allusion au Çatarudrîya, qu’il dit être l’œuvre de Vyâsa[3]. Ce Çatarudrîya est probablement l’hymne des cent Rudras, morceau védique qui figure au nombre des Upanichads, et qui fait partie de la collection traduite du persan par Anquetil du Perron[4]. Notre commentateur parle de plusieurs sectes indiennes qui paraissent avoir existé de son temps, comme les Pândaras, les Pâçupalas, les Kâpâlikas[5]. Il réfute fréquemment les Vâiçêchikas, nom qui désigne sans doute les philosophes atomistes de l’école Sâm̃khya, qui reconnaissent Kaṇâda pour leur fondateur.

Il admet qu’il existe parmi les Buddhistes une assez grande variété d’opinions sur plusieurs points, et il lui arrive quelquefois de noter diverses thèses sur lesquelles s’accordent toutes les écoles, comme par exemple, quand il dit que l’Hêmanta, l’hiver (novembre, décembre), est la première des saisons pour tous les Buddhistes[6]. Ceux qu’il cite le plus souvent soit pour les réfuter, soit seulement pour constater les divergences de sentiment, sont les Buddhistes du Kachemire, ceux de Ceylan et les Vâtsîputtrîyas. Les Kâçmîras sont nommés en plus d’un endroit[7] ; l’auteur les appelle des étrangers[8] ; et réfutant dans un passage des philosophes qu’il dit modernes, il les représente comme récemment sortis du Kachemire[9] ; il est vrai que l’expression dont il se sert : pâçtchâtyâh paçtchâdbhavâḥ, peut mieux encore signifier occidentaux. Quelque sens qu’on choisisse, il est permis de conclure de ce terme que l’ouvrage que nous examinons a été composé dans l’Inde : la dernière version ferait supposer que notre auteur a écrit dans une province située à l’orient du Kachemire. Je crois reconnaître aussi les Buddhistes de Ceylan dans les Tâmraparṇîyas ou habitants de Tâmraparṇa, la Taprobane des anciens, qui sont cités dans un passage où notre

  1. Abhidharma kôça vyâkhyâ, f. 224 a.
  2. Ibid., f. 192 a.
  3. Ibid., f. 172 a.
  4. Oupnek’hat, t. II, p. 171 sqq.
  5. Abhidharma kôça vyâkhyâ, f. 217 a et b.
  6. Ibid., f. 241 b.
  7. Ibid., f. 61 b, 121 a, 469 a de mon manuscrit.
  8. Ibid., f. 95 a de mon manuscrit.
  9. Ibid., f. 115 a de mon manuscrit, pâçtchâtyâḥ Kaçmira maṇḍalât paçtchâdbhavâḥ.