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DU BUDDHISME INDIEN.

Je dois cependant donner l’analyse de quelques-uns de ces livres, et je commence à dessein par celui qui paraît être le plus célèbre de tous, du moins au rapport de Csoma de Cörös, c’est-à-dire par le Suvarṇa prabhâsa[1]. L’importance que les Buddhistes du Nord attachent à cet ouvrage est prouvée d’ailleurs par ce seul fait, qu’il est compris au nombre des neuf Dharmas ou livres sacrés du Népâl. Il se trouve, comme tous les ouvrages réputés canoniques, traduit en tibétain dans la collection du Kah-gyur ; mais j’ai remarqué que la version tibétaine était en général plus développée que le texte sanscrit, dont le manuscrit appartient à la Société Asiatique. J’en conclus qu’il y a deux rédactions de cet ouvrage qui sont semblables pour le fond, mais qui diffèrent l’une de l’autre par l’étendue des développements. Cette conclusion est d’ailleurs appuyée par plus d’un fait. Csoma, dans son analyse de la collection tibétaine des Tantras, constate l’existence de deux Suvarṇa prabhâsas qui traitent également du même sujet et renferment les mêmes matières, mais qui diffèrent quant à leur origine, le premier étant traduit du chinois, le second du sanscrit[2]. D’un autre côté, en rappelant un passage extrait par M. Schmidt du Suvarṇa prabhâsa mongol, j’ai avancé que je n’en connaissais pas le texte sanscrit[3] ; c’est qu’en effet ce passage ne se trouve pas dans le Suvarṇa prabhâsa indien que possède la Société Asiatique. Il en faut dire autant d’un autre fragment extrait par M. Schmidt du chapitre second de son Suvarṇa prabhâsa mongol[4], avec cette différence toutefois que c’est le même sujet qui fait le fond du fragment de M. Schmidt et du second chapitre de notre Suvarṇa prabhâsa. On doit donc tenir pour certain qu’il y a deux rédactions de cet ouvrage : l’une qui est peu étendue, c’est celle que la Société Asiatique doit à la libéralité de M. Hodgson ; l’autre qui l’est davantage, dont on connaît une traduction mongole, et à laquelle M. Schmidt a fait deux emprunts importants. C’est aux savants qui possèdent à la fois le tibétain et le mongol qu’il appartient de déterminer le rapport des versions du Kah-gyur et de l’Altan gerel. Quant au Suvarṇa prabhâsa sanscrit que possède la Société Asiatique, j’ai cru qu’il était nécessaire de le distinguer nettement de la version mongole, pour qu’on sût bien que ce que j’ai à dire de cet ouvrage s’applique exclusivement au volume peu considérable que nous possédons à Paris.

Le titre de Suvarṇa prabhâsa[5] que porte ce volume signifie « L’éclat de

  1. Analys. of the Sher-chin, dans Asiat. Res., t. XX, p. 515 et 516. (Voy. les additions, à la fin du volume.)
  2. Asiat. Res., t. XX, p. 514 et 515. Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. I, p. 388.
  3. Ci-dessus, sect. II, p. 104, note 1.
  4. Geschichte der Ost-Mongol, p. 307 sqq.
  5. Le mot prabhâsa n’a pas, d’après Wilson, la signification de splendeur, et il est douteux que