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DU BUDDHISME INDIEN.

L’étude suivie des ouvrages buddhiques qui font autorité chez les Mongols et chez les Chinois ajoutera certainement plus tard un très-grand nombre de faits à ceux que je ne cite ici qu’en passant, et il est très-probable qu’on retrouvera dans les monastères de la Tartarie et de la Chine, sinon la totalité, du moins la plus grande partie de ce que les Tibétains possèdent. Mais quelque limitées que soient, quant à présent, les indications précédentes, elles suffisent pour placer la collection des livres sanscrits du Népâl au point de vue sous lequel M. Hodgson voulait qu’elle fût envisagée par l’Europe savante. Oui, c’est un fait démontré jusqu’à l’évidence, que la plupart des livres réputés sacrés par les Buddhistes du Tibet, de la Tartarie et de la Chine, ne sont que les traductions des textes sanscrits récemment découverts au Népâl, et ce fait seul marque positivement la place de ces textes dans l’ensemble des documents que les nations de l’Asie citées tout à l’heure fournissent à l’histoire générale du Buddhisme. Il nous les présente comme les originaux dont ces documents ne sont que les copies, et il restitue à l’Inde et à sa langue l’étude d’une religion et d’une philosophie qui a eu l’Inde pour berceau.

Si j’insiste sur ce fait, parce qu’il donne aux études buddhiques leur véritable et plus solide base, je ne veux en aucune façon contester l’importance qu’ont dans cette étude les livres tibétains, mongols et chinois. Outre que la connaissance de ces trois dernières classes de livres est absolument indispensable pour l’histoire générale d’un système qui, accueilli depuis des époques déjà anciennes chez des peuples d’origine et de civilisation diverses, a dû y subir des modifications qu’il importe à l’historien philosophe de reconnaître et de constater, j’ai acquis la conviction personnelle que, pour celui même qui veut s’en tenir à l’étude du Buddhisme indien, les traductions des livres sanscrits du Népâl faites au Tibet, comme celles des livres pâlis de Ceylan faites dans le Barma, ont une incontestable utilité. Je ne rappellerai pas, pour rehausser la valeur de ces traductions, qu’elles ont été exécutées lorsque le Buddhisme était encore florissant, et par des hommes qui avaient étudié le sanscrit et le pâli avec le soin qu’exigeait la mission dont ils s’étaient chargés. Je n’indiquerai pas les diverses circonstances qui assurent la supériorité des versions faites jadis en Asie sur celles qu’on peut donner aujourd’hui en Europe des textes sanscrits du Nord, quoiqu’il ne doive pas coûter aux philologues, familiarisés par leurs études avec la langue sanscrite, de reconnaître cette supériorité, éloignés, comme ils sont tous, des secours des natifs, parmi lesquels des hommes instruits ont conservé fidèlement le dépôt de l’interprétation traditionnelle. Je ne parlerai pas davantage des difficultés que présente l’explication de quelques termes philosophiques, jointe à l’inconcevable incorrection des manuscrits, qui pour