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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

qu’on en peut découvrir, sans avoir directement accès aux sources, montre qu’en Chine, comme en Tartarie, beaucoup des livres réputés sacrés par les Buddhistes ne sont que des traductions des traités sanscrits du Népâl. Ainsi il y a déjà longtemps que M. Abel Rémusat constatait l’existence d’une traduction chinoise du Langkâvatâra, l’un des ouvrages de la liste de M. Hodgson qui appartient à la Bibliothèque royale[1]. Mon savant confrère M. Stan. Julien a bien voulu me faire connaître une traduction chinoise du Saddharma puṇḍarîka, que possède la même bibliothèque[2]. M. Landresse cite, dans ses notes sur le Foe koue ki, un autre traité religieux connu sous le titre de La splendeur de l’éclat de l’or, qui n’est sans doute que le Suvarṇa prabhâsa du Népâl ou des Mongols[3]. Il faut encore rappeler ici un livre que les Chinois désignent par le titre de Grand Âgama, et qui n’est certainement autre chose que le Dîrghâgama, dont il sera parlé plus bas, de même que l’ouvrage qu’ils nomment « Âgama augmenté d’un » est le livre sanscrit, ou plutôt la collection nommée Êkôttara âgama[4]. Je n’hésite pas à croire, que s’il m’eût été possible de comparer avec les titres des listes de M. Hodgson les noms des livres chinois buddhiques fréquemment cités par divers auteurs, j’aurais retrouvé un bon nombre de titres sanscrits cachés sous les traductions ou sous les transcriptions plus ou moins altérées des Chinois.

  1. Recherches sur les langues tart., t. I, p. 206, et les citations faites ci-dessus, p. 6, note 4, comparées avec Hodgson, dans Transact. of the Roy. Asiat. Soc., t. II, p. 224, et Csoma, dans Asiat. Res., t. XX, p. 432.
  2. M. Stan. Julien a eu l’obligeance de me communiquer, à ce sujet, une note qu’on aura sans doute autant de plaisir à lire que j’en ai à la citer : « Les renseignements que cette note renferme sont empruntés à la préface du Miao fa lien hoa king (le Livre sacré de la loi excellente), préface écrite sous la dynastie des Thang (entre 618 et 904), par le Samanéen Tao siouen. Le livre sacré du Lotus de la loi excellente a été composé dans le pays de Ta hia (Bactriane ?) il y a mille ans. Il y a environ trois cents ans qu’il a été apporté en Orient, dans le Tchintan (la Chine). Sous le règne de Hoeï ti, dans la première année de la période Thaï kang des Tsin occidentaux (en 280 de J.-C), un sage portant le titre de Tun hoang pou ssa tchou hou fa tche (c’est-à-dire le Bôdhisattva de Tun hoang, le défenseur de la loi de l’Inde), lequel résidait (en Chine) à Tchang’an, traduisit pour la première fois cet ouvrage, sous le titre de Tching fa hoa (la Fleur de la droite loi). Sous les Tsid orientaux, dans la période Long’an du règne de l’empereur ’An ti (entre 397 et 402), Kieou ma lo chi (Kumâra...), Samanéen du royaume de Kieou tse, traduisit cet ouvrage pour la seconde fois, et l’intitula : Miao fa lien hoa (le Lotus de la loi excellente). Sous la dynastie des Souï, dans la période Jin cheou de l’empereur Wen ti (entre 601 et 605), Tau na ki to, Samanéen de l’Inde septentrionale, attaché au couvent de Ta hing chen sse (le couvent où l’on fait fleurir la vertu), traduisit cet ouvrage pour la troisième fois, et l’appela Miao fa (la Loi excellente). C’est la seconde traduction chinoise exécutée, entre 397 et 402, en vertu d’un ordre impérial, qui se trouve à la Bibliothèque royale de Paris ; elle forme sept cahiers oblongs. » Je reviendrai, dans la préface du Lotus de la bonne loi, sur cette note intéressante.
  3. Landresse, Foe koue ki, p. 322.
  4. A. Rémusat, Essai sur la cosmogr. et la cosmogon. buddh., dans le Journal des Savants, année 1831, p. 604, 605 et 726, et plusieurs fois dans les notes du Foe koue ki.