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DU BUDDHISME INDIEN.

Cette réflexion lui vint alors à l’esprit : L’ignorance (Avidyâ) existant, les concepts existent ; car les concepts ont pour cause l’ignorance.

Aussi le Bôdhisattva, ô Religieux, fit-il ces réflexions : Les concepts ont pour cause l’ignorance ; la connaissance a pour cause les concepts ; le nom et la forme ont pour cause la connaissance ; les six siéges ont pour cause le nom et la forme ; le contact a pour cause les six siéges ; la sensation a pour cause le contact ; le désir a pour cause la sensation ; la conception a pour cause le désir ; l’existence a pour cause la conception ; la naissance a pour cause l’existence ; la décrépitude et la mort, avec les peines, les lamentations, la douleur, le chagrin, le désespoir, ont pour cause la naissance. C’est ainsi qu’a lieu la production de ce monde qui n’est qu’une grande masse de douleurs. La production ! la production ! [s’écria le Bôdhisattva ;] et comme il avait envisagé face à face, d’une manière fondamentale et à plusieurs reprises, ces conditions dont il n’avait pas entendu parler auparavant, il sentit se produire en lui la connaissance avec la vue, la science, la plénitude [du savoir], la réflexion, la sagesse ; la lumière lui apparut. Quelle est la chose qui n’existant pas, fait que la décrépitude et la mort n’existent pas ? Ou encore, quelle est la chose par l’anéantissement de laquelle a lieu l’anéantissement de la décrépitude et de la mort ? Cette réflexion lui vint alors à l’esprit : La naissance n’existant pas, la décrépitude et la mort n’existent pas ; de l’anéantissement de la naissance résulte l’anéantissement de la décrépitude et de la mort.

Ensuite cette autre réflexion vint à l’esprit du Bôdhisattva : Quelle est la chose qui n’existant pas fait que la naissance n’existe pas ? Ou encore quelle est la chose par la destruction de laquelle a lieu la destruction de la naissance ? Cette réflexion lui vint alors à l’esprit : L’existence n’étant pas, la naissance n’existe pas ; de l’anéantissement de l’existence résulte l’anéantissement de la naissance.

Ensuite cette autre réflexion vint à l’esprit du Bôdhisattva : Quelle est la chose qui n’existant pas [et ainsi de suite, pour chacune des conditions précitées, jusqu’à :] fait que les concepts n’existent pas ; ou encore, quelle est la chose par l’anéantissement de laquelle a lieu l’anéantissement des concepts ? Cette réflexion lui vint alors à l’esprit : L’ignorance n’existant pas, les concepts n’existent pas ; de l’anéantissement de l’ignorance résulte l’anéantissement des concepts. De l’anéantissement des concepts résulte l’anéantissement de la connaissance, [et ainsi de suite, jusqu’à :] de l’anéantissement de la naissance résulte l’anéantissement de la décrépitude, de la mort, des peines, des lamentations, de la douleur, du chagrin et du désespoir. C’est ainsi qu’a lieu l’anéantissement de ce monde qui n’est qu’une grande masse de douleurs.