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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

Encore autre chose. Subhûti, commençant par le Bôdhisattva, parla ainsi : Le Bôdhisattva marche dans le signe, s’il marche dans la forme, s’il marche dans le signe de la forme, s’il marche en disant : La forme est le signe, s’il marche dans la production de la forme, s’il marche dans la cessation de la forme, s’il marche dans la destruction de la forme, s’il marche en disant : La forme est vide, s’il marche en disant : Je marche, s’il marche en disant : Je suis Bôdhisattva ; enfin dans le fait même de concevoir cette idée : Je suis Bôdhisattva, il marche. Et de la même manière il marche dans le signe, s’il marche dans la sensation, dans l’idée, dans les concepts, dans la connaissance, s’il marche dans le signe de la connaissance, s’il marche en disant : La connaissance est le signe, s’il marche dans la production de la connaissance, s’il marche dans la cessation de la connaissance, s’il marche dans la destruction de la connaissance, s’il marche en disant : La connaissance est vide, s’il marche en disant : Je marche, s’il marche en disant : Je suis Bôdhisattva ; enfin dans le fait même de concevoir cette idée, il marche. S’il fait cette réflexion : Celui qui marche ainsi marche certainement dans la Perfection de la Sagesse, celui-là la médite, il marche dans le signe. Or ce Bôdhisattva doit être reconnu comme ne possédant pas l’habileté des moyens.

Alors Çâriputtra parla ainsi à Subhûti : Mais comment, ô Subhûti, le Bôdhisattva marche-t-il, quand il marche dans la Perfection de la sagesse ? Cela dit, Subhûti parla ainsi à Çâriputtra : Si le Bôdhisattva, ô Çâriputtra, ne marche ni dans la forme, ni dans le signe de la forme, ni en disant : La forme est le signe ; s’il ne marche ni dans la production de la forme, ni dans la cessation de la forme, ni dans la destruction de la forme, ni en disant : La forme est vide, ni en disant : Je marche, ni en disant : Je suis Bôdhisattva ; si enfin il ne marche pas dans la conception même de cette idée : Je suis Bôdhisattva ; de même, s’il ne marche pas dans la sensation, dans l’idée, dans les concepts, dans la connaissance ; s’il ne marche pas dans le signe de la connaissance, s’il ne marche pas en disant : La connaissance est le signe ; s’il ne marche pas dans la production de la connaissance, dans la cessation de la connaissance, dans la destruction de la connaissance ; s’il ne marche pas en disant : La connaissance est vide, en disant : Je marche, en disant : Je suis Bôdhisattva ; s’il ne fait pas cette réflexion : Celui qui marche ainsi marche certainement dans la Perfection de la sagesse, il la médite, si, dis-je, il marche ainsi, il marche dans la Perfection de la sagesse ; car en marchant de cette manière, il ne porte pas ce jugement : Je marche, ni celui-ci : Je ne marche pas, ni celui-ci : Je marche et je ne marche pas, ni celui-ci : Je ne marche pas et je ne suis pas non marchant ; il ne porte pas ce jugement : Je marcherai, ni celui-ci : Je ne marcherai pas, ni celui-ci : Je mar-