Page:Burnouf - Introduction à l’histoire du bouddhisme indien.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
INTRODUCTION À L’HISTOIRE

titué. Il existe d’ailleurs des commentaires où le terme fondamental de chaque thèse doit être étymologiquement et philosophiquement analysé, et M. Hodgson cite, dans une de ses listes, un commentaire de la Pradjñâ pâramitâ en huit mille articles[1] ; mais nous ne le possédons pas à Paris, et peut-être n’est-il pas facile à trouver, même au Népâl. Je reviendrai plus bas sur quelques-unes de ces thèses, et je mettrai le lecteur en état de juger par lui-même de la difficulté qu’on éprouve à se faire une idée de la métaphysique du Buddhisme, d’après des livres où l’énumération tient à peu près exclusivement la place de l’explication. Ces difficultés sont telles qu’elles ont arrêté Csoma de Cörös lui-même, dont personne ne soupçonnera le savoir et la rare patience. Après avoir reproduit, sans aucun commentaire, quelques-unes des séries les plus importantes de ces termes philosophiques, ce savant homme s’avoue incapable d’en dire davantage sur la doctrine de la Pradjñâ pâramitâ[2]. La lecture d’un commentaire et l’étude comparée de quelques autres textes buddhiques lui auraient sans doute fourni les moyens d’entrer dans de plus grands détails sur ce sujet difficile.

Heureusement pour nous, plusieurs points de la philosophie de Çâkya ont déjà été, en Asie et en Europe, l’objet de travaux importants. La portion la plus étendue de la première dissertation de M. Hodgson est consacrée aux systèmes et aux écoles métaphysiques du Népâl, et les savantes recherches que M. Schmidt a depuis longtemps commencées, et qu’il poursuit avec ardeur sur les livres mongols et tibétains, nous ont fait connaître les points les plus élevés de la métaphysique du Buddhisme. Il est hors de mon plan de reproduire ici tout ce que ces auteurs nous ont appris sur la doctrine attribuée à Çâkya ; leurs Mémoires, consignés les uns dans les Recherches asiatiques de Calcutta et de Londres, les autres dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, sont aisément accessibles à tout lecteur européen, et je ne dois point oublier que j’ai uniquement l’intention de donner ici une introduction à l’histoire du Buddhisme et non une exposition dogmatique du Buddhisme parvenu à tous ses développements. J’ai cependant une raison pour faire un usage moins fréquent des dissertations de M. Schmidt que de celles de M. Hodgson ; c’est que les premières sont rédigées d’après des livres qui ne sont pas à ma disposition, livres dont l’origine indienne n’est certainement pas douteuse à mes yeux, mais auxquels j’ai dû m’interdire de puiser, hors des cas de nécessité absolue, parce que mon but spécial est d’étudier le Buddhisme d’après les ouvrages écrits soit en sanscrit, soit dans une langue indienne. Les Mémoires de M. Hodgson, au contraire,

  1. Notices on the languages, etc., dans Asiat. Res., t. XVI, p. 428.
  2. Analys. of the Sher-chin, dans Asiat. Res., t. XX, p. 399.