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DU BUDDHISME INDIEN.

miséricorde, l’être existant par lui même, viennent voir le Sthavira Upagupla, ce noble flambeau des trois mondes, si semblable au Maître.

Quand le roi eut fait répandre à son de cloche cette nouvelle dans Pâṭaliputtra, et qu’il eut fait orner la ville, il en sortit jusqu’à la distance de deux Yôdjanas et demi, et s’avança au devant du Sthavira Upagupta, accompagné du bruit de toute espèce d’instruments, à travers les parfums et les guirlandes de fleurs, et suivi de tous ses ministres et de tous les habitants. Le roi vit de loin le Sthavira Upagupta au milieu de ses dix-huit mille Arhats, qui l’entouraient comme les deux extrémités du croissant de la lune ; et il ne l’eut pas plutôt aperçu, que descendant de son éléphant, il se rendit à pied vers la rive du fleuve ; là fixant un de ses pieds sur le rivage, il plaça l’autre sur le bord du bateau, et prenant dans ses bras le Sthavira Upagupta, il le transporta sur la terre. Quand il l’eut déposé à terre, il tomba de toute sa hauteur aux pieds du Sthavira, comme un arbre dont on aurait coupé la racine, et il les lui baisa. Puis se relevant et posant à terre les deux genoux, il réunit ses mains en signe de respect, et regardant le Sthavira, il lui parla ainsi :

Quand, après avoir triomphé de la foule de mes ennemis, j’ai vu réunie sous ma puissance unique la terre avec ses montagnes jusqu’aux rivages de l’océan qui l’entoure, je n’ai pas éprouvé autant de plaisir qu’en voyant le Sthavira.

Ta vue double les dispositions favorables que j’ai pour cette excellente Loi ; ta vue purifiante fait aujourd’hui apparaître à mes yeux, quoiqu’il soit absent, l’être incomparable qui a dû tout à lui-même.

Maintenant que le chef compatissant des Djinas est entré dans le repos, remplis pour les trois mondes l’office d’un Buddha ; fais, semblable au soleil, briller la lumière de la science sur l’univers détruit, et dont les illusions du monde troublent la vue.

Toi qui es semblable au Maître, toi l’œil unique de l’univers et le premier des interprètes [de la Loi], sois mon asile, seigneur, et donne-moi tes ordres ; je m’empresserai aussitôt, sage accompli, d’obéir à ta voix.

Alors le Sthavira Upagupta, caressant de sa main droite la tête du roi, lui parla ainsi : Remplis avec attention les devoirs de la dignité royale ; c’est quelque chose de difficile à obtenir que les trois objets précieux ; honore-les constamment, seigneur.

Ô grand roi, Bhagavat, le Tathâgata vénérable, parfaitement et complètement Buddha, m’a confié ainsi qu’à toi le dépôt de la Loi ; faisons tous nos efforts pour conserver ce que le guide des êtres nous a transmis, quand il était au milieu de ses disciples.

Le roi reprit : Sthavira, je me suis conformé aux ordres que Bhagavat avait donnés pour moi. J’ai embelli la surface de la terre de beaux Stûpas,