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DU BUDDHISME INDIEN.


ci. En conséquence ils continuèrent de se livrer à leurs occupations ordinaires. Le respectable Sam̃gha rakchita s’étant présenté devant eux, se mit à leur demander l’hospitalité ; mais personne ne lui dit un seul mot.

Il y avait dans l’ermitage un Rĭchi dont les dispositions étaient vertueuses : Pourquoi, dit-il aux Religieux, ne donnez-vous pas l’hospitalité [à cet Ârya] ? Vous commettez en cela un péché ; vous n’êtes que de grands parleurs. Je vais, respectable Religieux, te donner immédiatement un asile, à moins que tu ne me commandes autre chose. Rĭchi, répondit le respectable Sam̃gha rakchita, qu’il soit ainsi. Alors le Rĭchi se mit à parcourir seul la campagne, et il y trouva une petite hutte qui était vacante. Il dit à Sam̃gha rakchita : Couche-toi dans cette petite hutte. Le respectable Sam̃gha rakchita se mit en devoir d’arroser, de nettoyer, de balayer sa hutte et d’en couvrir le sol de bouse de vache fraîche. Les autres Religieux le virent et se dirent entre eux : Ces Çramanas, fils de Çâkya, aiment la propreté. Le respectable Sam̃gha rakchita, après s’être lavé les pieds en dehors de la hutte, y entra et s’y assit les jambes croisées, tenant son corps droit, et replaçant sa mémoire devant son esprit.

La Divinité qui résidait dans l’ermitage se rendit vers la première veille de la nuit à la hutte de Sam̃gha rakchita, et quand elle y fut arrivée, elle lui dit : Sam̃gha rakchita l’Arya, expose la Loi. Tu es heureuse, ô Déesse, lui dit Sam̃gha rakchita ; ne vois-tu pas que je n’ai obtenu un asile qu’en faisant moi-même les préparations ordinaires ? Est-ce que tu veux me chasser ? La Déesse réfléchit : Son corps est fatigué, qu’il dorme ; je reviendrai à la veille du milieu. Elle revint donc à la seconde veille et lui dit : Sam̃gha rakchita l’Ârya, expose la Loi. Tu es heureuse, ô Déesse, lui répondit Sam̃gha rakchita ; ne vois-tu pas que je n’ai obtenu un asile qu’en faisant moi-même les préparations ordinaires ? Est-ce que tu veux me chasser ? La Déesse réfléchit : Son corps est fatigué, qu’il dorme ; je reviendrai à la dernière veille. Elle revint donc à la dernière veille et lui dit : Sam̃gha rakchita l’Ârya, expose la Loi. Tu es heureuse, ô Déesse, lui répondit Sam̃gha rakchita ; ne vois-tu pas que je n’ai obtenu un asile qu’en faisant moi-même les préparations ordinaires ? Est-ce que tu veux me chasser ? Ârya Sam̃gha rakchita, reprit la Déesse, il est jour maintenant. Si l’on te chasse, tu t’en iras. Est-ce que Bhagavat ne t’a pas dit : Il faudra que tu traverses des dangers et des conjonctures redoutables ? Le respectable Sam̃gha rakchita réfléchit : Elle parle bien. Si l’on me chasse, je m’en irai. Puis il réfléchit encore : Ce sont des Brâhmanes que ces Rĭchis : je leur parlerai un langage convenable à des Brâhmanes.

En conséquence le respectable Sam̃gha rakchita se mit à instruire cette réunion de Brâhmanes : Ce n’est ni la coutume de marcher nu, leur dit-il, ni