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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

pect[1]. Le Rĭchi qui avait été leur maître dit ensuite : Sous ce costume, ô Bhagavat, j’ai induit en erreur un grand nombre de gens ; je commencerai par leur faire concevoir de la bienveillance pour toi, puis j’entrerai ensuite dans la vie religieuse.

Ensuite Bhagavat, entouré de ses cinq cents Rĭchis et des cinq cents premiers Religieux, [qui se déployaient autour de lui] comme les deux extrémités du croissant de la lune, se mit en route par la voie de l’atmosphère, en vertu de sa puissance surnaturelle, et parvint bientôt à la montagne de Musalaka. Or en ce temps-là résidait sur cette montagne un Rĭchi nommé Vakkalin[2]. Ce Rĭchi vit de loin Bhagavat, orné des trente-deux signes qui caractérisent un grand homme, [etc. comme ci-dessus jusqu’à :] ayant l’extérieur parfaitement beau. À peine l’eut-il aperçu qu’il sentit naître en son cœur des sentiments de bienveillance pour Bhagavat. Sous l’influence de cette bienveillance il fit la réflexion suivante : Si je descendais du haut de cette montagne, et si je me rendais auprès de Bhagavat pour le voir ? Bhagavat, sans doute, sera venu ici avec l’intention de me convertir. Et pourquoi ne m’élancerais-je pas du haut de cette montagne ? Rien n’échappe à la connaissance des Buddhas bienheureux. Bhagavat reçut le Rĭchi à l’aide de sa puissance surnaturelle ; ensuite connaissant l’esprit, les dispositions, le caractère et le naturel de ce Rĭchi, il lui exposa l’enseignement de la Loi ; de telle sorte qu’après l’avoir entendu, Vakkalin vit face à face la récompense de l’état d’Anâgâmin, et acquit une puissance surnaturelle. Ensuite le Rĭchi dit au Bienheureux : Puissé-je, ô Bhagavat, entrer dans la vie religieuse, sous la discipline de la Loi bien renommée ! puissé-je devenir un Religieux ! [etc. comme ci-dessus jusqu’à :] Bhagavat lui dit : Approche, Religieux ; et il entra dans la vie religieuse, comme il a été dit plus haut ; et il s’assit avec la permission de Bhagavat. Alors Bhagavat s’adressa aux Religieux

  1. Ce passage n’est exprimé qu’en abrégé dans nos deux manuscrits du Divya avadâna, de cette manière : Idam êva pañtchagaṇḍakam pûrvavad yâvad abhivâdyârtcha samvrĭttâḥ. Il est clair que les mots « comme ci-dessus, jusqu’à, » annoncent un retranchement. J’en ai comblé le vide, pour la plus grande partie du moins, à l’aide de l’Avadâna çataka. (Fol. 21 b.) Je dis pour la plus grande partie, parce que la proposition principale qui termine cette période, « ils devinrent de ceux, etc. » est ailleurs plus développée, notamment dans un passage du même recueil que j’ai cité précédemment, Sect. II, p. 117. Je ne suis pas bien sûr de ce qu’il faut entendre par l’expression « qui porte cinq marques ; » car il y a dans le Buddhisme beaucoup de catégories qui sont désignées par le nombre cinq. Il s’agit ici ou des cinq corruptions du mal, pañtcha klêça, qui sont le partage de tout homme entrant dans le cercle de la transmigration ; ou des cinq sens à l’aide desquels l’homme perçoit des sensations et accomplit des actions qui le condamnent à renaître ; ou peut-être des cinq objets des sens, ou des cinq sensations que l’homme recueille pendant son voyage dans le monde.
  2. Ce nom signifie « celui qui porte un vêtement fait d’écorce. » C’est le terme sanscrit bien connu valkalin, modifié par l’influence populaire du pâli.