dhisme n’est pas autre chose que l’adoration et le fanatisme du néant ; c’est la destruction de la personnalité humaine poursuivie jusque dans ses espérances les plus légitimes. Je demande s’il est au monde quelque chose de plus contraire au dogme chrétien, héritier de toute la civilisation antique, que cette aberration et cette monstruosité.
Une autre conséquence non moins grave, quoique d’un tout autre caractère, de l’ouvrage de M. Eugène Burnouf, c’est d’avoir introduit dans l’histoire de l’Inde un élément chronologique. Désormais, le brahmanisme est daté, puisque le bouddhisme l’est maintenant d’une manière certaine. Pour ceux qui savent quelle obscurité et quelle incertitude jetait sur les études indiennes tout entières le défaut absolu de chronologie, c’est là un service inappréciable rendu à ces études. On avait beau se dire que le témoignage des compagnons d’Alexandre, quatre siècles avant l’ère chrétienne, nous présentait dès cette époque la société indienne telle que nous la trouvons dans tous les monuments de littérature ; on avait beau se dire que le témoignage de tant de peuples voisins, d’accord avec celui-là, reportait l’organisation de cette société à l’antiquité la plus reculée, il n’en restait pas moins des doutes et des nuages sur ce point fondamental. On sentait bien que toutes les négations d’une critique peu éclairée et peu bienveillante étaient autant d’erreurs ; mais il était impossible de les réfuter d’une manière péremptoire. Désormais, ce grand fait est éclairci ; et comme le schisme de la religion brahmanique est antérieur au moins de six siècles à notre ère, il s’ensuit que les origines et les développements de cette religion s’enfoncent bien réellement dans les temps où la tradition les plaçait et où l’œil de l’histoire ne peut plus les discerner.
Jusqu’à présent, j’ai parcouru les travaux publiés de M. Eugène Burnouf ; pour achever de le faire connaître, il me faut parler de ceux qu’il laisse, et dont plusieurs peut-être pourront aussi voir le jour. On m’excusera d’en faire en quelque sorte l’inventaire. Je divise ses manuscrits en cinq classes, selon qu’ils appartiennent aux diverses études et aux langues dont il s’est occupé, au zend, aux inscriptions cunéiformes, au sanscrit, au pâli, au bouddhisme, etc., etc., sans parler de ceux dont j’ai déjà fait mention plus haut.
Première classe des manuscrits, langue zende :
1o Index contenant tous les mots zends du Vendidad-Sadé. Paris, 1833. C’est un volume grand in-folio de mille pages à peu près, avec un supplément qui n’en a pas moins d’une centaine. Les mots zends y sont transcrits en lettres latines et classés dans l’ordre que M. Eugène Burnouf a donné à l’alphabet zend, et qui se rapproche beaucoup de l’ordre de l’alphabet sanscrit. Cet index répond au volume du Vendidad-Sadé que M. Eugène Burnouf a fait lithographier, 1829-1843, manuscrits Anquetil, suppl. no 1 ; et, de plus, il sert de table de renvoi au volume des variantes du Vendidad-Sadé contenues dans l’Index suivant.
2o Index contenant les variantes du Vendidad-Sadé, collationné sur les manuscrits de Paris, d’Oxford et de Londres, et sur l’édition des Parses de Bombay ; un volume grand in-folio, du même format que le précédent, de 571 pages.